Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy
Légendaire fantastique en relation avec les eaux dans l'enquete de Charles Joisten 1.6. Thèmes mélusiniens « Mélusine, la fée poitevine, a fait souche en Dauphiné. A Sassenage, près de Grenoble, on visite la grotte où elle élut domicile, et où les paysans venaient chercher le présage de la fertilité des récoltes, à l'époque du Roi-Soleil. » C'est ainsi que Robert Chanaud commence une étude sur ce thème mythologique médiéval, qui lui permettra de trouver dans la Drome, au chateau de l'Épervier et à celui de Montélier13 une ancetre à cette illustre fée qui, en Dauphiné, a partie liée avec l'eau. Dans le chateau de Montélier, Mélusine, « syrène moitiéfemme et moitié ser pent » a donné son nom à une fontaine14. À Sassenage, la hauteur de l'eau qui se trouvait dans les « cuves », creux situés au fond de la grotte de Sassenage, per mettait aux habitants, le jour des Rois, d'établir le pronostic d'une bonnè ou d'une mauvaise année de récolte : « Nos pères, dit-on, allaient le jour des Rais visiter les cuves de Sassenage, pour préjuger de lafertilité ou stérilité de l'année par le plus ou moins d'eau que, ce jour-là, présentaient les cuves. Beaucoup d'eau dénotait une année abondante ; peu d'eau, une année moyenne ; fort peu d'eau, une mauvaise année. Aymar Falcoz, dans son histoire Antonine, ouvrage daté de 1534, où il signale les sept merveilles du Dauphiné, parle de visitesfaites, le jour des Rais par les cultivateurs, aux cuves de Sassenage, et des inductions qu'ils tirent de leur plus ou moins d'eau, pour en augurer une bonne ou une mau vaise année. Il distingue trois cuves : une pour le blé, une paur le vin et une troisième pour lesfruits. » 15 En Haute-Savoie on peut mentionner aussi le thème mélusinien d'un esprit protecteur d'une famille résidant dans un lac. À Saint-Paul-en-Chablais, òn croyait que la famille de Blonay avait un bon génie qui veillait sur elle et lui ins pirait des actions chevaleresques. Ce génie, qui était de la race des nains, habi tait dans le lac de la Gottetta. Il n'intervenait que dans de graves circonstances, et son apparition avait toujours lieu lorsqu'un danger menaçait un membre de la famille dont il était le protecteur. Il prit aussi sous sa protection un homme du pays, jusqu'à ce que ce dernier lui confectionne un habit pour le remercier de ses bienfaits - ce qui, comme il est de tradition, provoqua son départ 1 6 · 2. La vouivre Cet etre fantastique traverse le ciel, la nuit, en laissant une trace lumineuse. Il porte un objet brillant (diamant, boule d'or . . . ) qu'il dépose pour aller boire, et c'est près de l'eau (rivières, lacs, marais) que l'on peut l'apercevoir. Dans les Hautes-Alpes, en Isère, en Savoie et Haute-Savoie on le nomme serpent volant, couleuvre (ou formes voisines de ces noins), dragon, dragon volant ; en Savoie et Haute-Savoie, on trouve également des noms apparentés à vouivre ; dans les Hautes-Alpes, en Valgaudemar, c'est le farou. Il présente plusieurs caractéris tiques, souvent dissociées dans les récits : on le voit briller comme un météore 167
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