Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy

Légendaire fantastique en relation avec les eaux dans l'enquete de Charlei:; Joisten pierre Niéton, gros bloc de rocher, qui fut, dit-on, déposée par le diable17• Il fait partie de ces étendues d'eau qu'il est dangereux de troubler, sous peine de déclencher un orage provoqué par les mauvais esprits qui l'habitent. Les orages qui s'abattent sur Montsapey viennent souvent de la direction du Lac Noir. On dit alors que ce sont les bergers qui ont troublé les eaux du lac en y lançant des p ierres. (Montsapey, 1964) - Un homme de Bonvillaret y avait lancé des pierres. On disait que si on lançait des pierres dans ce lac, ça déclenchait un orage. Alors il disait : « Si j'avais su, je n'au­ rais pas lancé de pierres dans le lac ! ». C'était Maurice F., mort il y a 30 ou 40 ans à 75 ans environ. (Bonvillard, 1964). Le . s attestations de cette croyance relevés par Sébillot pour la France concer­ nent surtout les Pyrénées 1 8, la première en date connue se trouvant au XTII• siècle dans Gervais de Tilbury19• Dans notre région, la croyanee selon laquelle troubler l'eau d'un lac pertur­ be le temps est éventuellement « récupérée » à des fins météorologiques : dans ce meme Lac Noir, on jetait des pierres « pour faire pleuvoir » (Bonvillaret, 1964). La croyance est meme christianisée : Les habitants de Montsape)'j paroisse qui a pour patron saint Barthélemy, se rendaient en période de sécheresse au Lac Noir en procession et trempaient la statue de saint Barthélemy dans le lac en disant : « Trempe-nous camme nous te trempons ! Trèmpa neu mé te trèmpa ! ». (Bonvillarèt, Savoie, 1964). 3.2. Rites de pluie en relation avec les lacs et les sources Nombreuses sont les processions pour obtenir la pluie. Leur destination est soit une chapelle, soit un point d'eau, source ou lac. Dans ce dernier cas, on trempe souvent dans l'eau, comme à Montsapey, « le symbole (statue d'ordinaire) ou le représentant de la Puissance (paienne, chrétienne) dispensatrice de la pluie », ce qui est « un procédé primitif très répandu de magie directe. » 20 En Savoie, on trouve encore ce rite attesté en Haute-Tarentaise, lié au culte de saint Jacques qui y est très vivant21 : Au sommet du mont Saint-Jacques existait une dépression de terrain au fond de laquelle il y avait une pierre toujours recouverte d'un peu d'eau. On y organisait une procession, par temps de sécheresse, et il fallait trem­ per dans cette eau l'extrémité d'une croix jusqu'à ce qu'elle touche la fameuse pierre. On était assuré de revenir avec la pluie. (Longefoy; 1963). On rencontre dans les Hautes-Alpes : baigner la statue de saint Guillaume à Guillestre, plonger la croix paroissiale dans le torrent à Orcières. De tonalité 169

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