Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy
Histoires d'eau blats. Quelques contemporains vous confient que les torrents valaisans qui, d'après leurs aìnés, servaient de passages privilégiés à la Chasse nocturne et réunissaient dans les , nuits d'orage morts et vivants, doivent meme de nos joun;, etre évités de nuit, tout camme les lacs de montagne où se baignaient les vouivres. Il s'agit toujours de lieux oli, coule ou stagne de l'eau mais non spéci fiquement de la matière eau. Localement on connait les qualités de l'eau, potable ou non, froide ou chaude, minérale ou thérapeutique ..., mais on reste à la mention qu'òn pcmrrait presque qualifier de constat scientifique. Dans les nombreux recueils de récits, contes et légendes valaisans et vald6tains, dans mes enquetes et mes fkhiers - le légendaire de l'eau paralt etre aussi pauvre que celui de la plupart des autres phénomènes naturels. Et pourtant, l'importance de l'eau, et dans nos régions de montagne son omniprésence, ne pouvaient avoir laissé nos gens indifférents. Leur sens aigu de l'observation, leur pouvoir d'interprétation, ne devaient pas s'etre limités aux sources, c6urs d'eau et eaux dormantes. Lors de mes premiers séjours d'enquete en Valais, vers le milieu du siècle passé, combien de fois ne m'a-t-on pas mise en garde contre l'eau courante et son pouvoir. Et il faut préciser, qu'il ne s'agissait nullement que des torrents et rivières qui ont toujours inspiré une crainte non dissìmulée aux montagnards qui en connaissent les forces irrésistìbles. Qu'on mette l'enqueteuse venue de la ville en garde; camme on défend aux enfants de s'approcher des cours d'eau èn cn'.ìe, aurait été compréhensible, pourtant il s'agissait de l'eau en général, celle des fontaines camme celle des bisses et des moindres rigoles. Il ne me semblait toutefois pas s'agir de la farce indomptée et indomptable de l'eau lorsqu'elle est en furie, mais tout simplement d'une force inhérente et maléfique. contre laquelle ni prières, ni processions ni meme bénédictions n'avaient prise, hélas, il semblait impossible d'en savoir plus. Ce n'est que peu à peu que des bribes de compréhension sont apparueS'. Lors d'une veillée aux mayens, un récit m'a fait entrevoir une lueur. Je l'ai noté à Nendaz, enValais1• 174 « Un homme grand etfort, mais un peu simple d'esprit, avaìt été engagé pour un été camme berger d'un grand troupeau de rrzoutons par un Ridderan. L'habitant de Riddes, riche c o m merçant, avare et peut-etre un brin sorcier, connaissait un moyen de s ' en til'er à bon compte. Camme paié, i1 promit de fournir la nourriture, c ' est-à-dire simplement du pain de seigle en suffisance, et, en automne, toutes les brebis que le berger pourrait soulever par-dessus le mur du pare de triage. Le Nendard passa l'été à la montagne, mais en automne, de retour en plaine, il avait si peu de farce qu'il ne put soulever qu'un maigre agnelet. Le Ridderan était très content de ce ber ger si économique et l'engagea sur le champ pour la saison suivante, et bien sur, au:x memes conditions. Le Nendard n'était pas tant d'accord, mais camme le patron était r;:onnu
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