Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy

La force cachée de l'eau seraient cachés ? Pouvait-elle aussi agir à distance et sans contact irnmédiat ? Attirait-elle ses victimes ? Certains récits sembleraient l'affirmer : « Un homme de chez nous, Georges Villard, était au service du roi de Naples. Un jour, il y a eu une grande bataille. Beaucoup de soldats ont été blessés et les morts étaient nom­ breux. Lui, il a eu peur et quand il a compris que leur camp perdait, il s'est jeté par terre, parmi les morts. Quand les ennemis sont venus pour dépouiller les morts et achever les blessés, il a fait le mort, ne respirant que tout doucement. C'est alors qu'il a entendu une voix lui dire : "Georges, lève­ toi ! bats-toi ! tu ne risque pas de mourir ici. La mort t'at­ tends sous Cleuson, au Torrent Be de Tortin. " Quand il a eu fini son temps, il n'a plus voulu rester soldat. Il avait reçu une belle paie, et chez lui il avait du bien, des bétes aussi. Il est rentré à Nendaz, mais il avait peur et ne montait jamais aux alpages. Quelques années plus tard, il s 'est marié et a fait béìtir une belle maison au Villard de Haute-Nendaz. Un jour, le charpentier lui a dit qu'il ne man­ quait plus qu'une belle pièce de bois pour en faire le fatte. Il n'a plus pensé à la voix et il est monté à l'alpage préparer un tronc. Il a abattu l'arbre, l'a écorcé et il l'a fixé derrière le mulet pour le trainer au village. Il avait bien travaillé, il fai­ sait chaud et il avait soif. Il savait pourtant qu'il ne devait pas franchir le torrent, pas y mettre les pieds mais il ne s'est pas méfié pour boire. Il s'est donc penché sur le Torrent Be, juste là où il se jette dans la Printse, et il est mort là. Le mulet est rentré seul, avec le tronc, sans son maitre. On a suivi les traces que le mulet avait faites et on a trouvé Georges, mort là ou la voix le lui avait promis ». « Un de Baar que j'ai bien connu, e ' est assis au bord du Chédéon (grand rùcher au bord de la Printse, Nendaz) pour manger la moindre après avoir labouré. Il n'avait pas le vertige et auçune crainte de laisser pendre les jambes au-des­ sus du vide et de l'eau courante. Et je te garantis qu'il n'était pas ennuyeux (sujet aux craintes superstitieuses). Et bien, il me l'a conté lui-méme, il a dit : "Tout d'un coup j'ai senti camme ils me tiraient par les pieds, Et j'avais beiìu me cram­ ponner (pourtant e ' est un homme monstre fort), je sentais que je ne pouvais plus ten ir. Alors, j' ai pensé réciter l'Evangile de saint Jean. J'ai pu remonter les pieds. Avant, je ne croyais pas, mais après on est bien obligé. Après ça, je ne me suis plus jamais approché du bord de la goura (gorge) ». 177

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