Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy

Histoires d'eau S'agit-il dans ces deux derniers. récits de mystérieux etres inconnus, de l'at­ trait du vide ou n'est-ce qu'une $imple cò'incidence que l'eàu y joue un ròle ? Dans les documents anciens, le Rhòne qui vagabondait au gré des saisons à travers toute la largeur de la vallée non assainie, est souvent nommé le prince impétueux du Valais, le seigneur invaincu. Qu'en est-il donc de sa situation prioritaire ? possède-t-il une farce cachée correspondant à son état de priluus inter pares ? « Une fois que Barthélemy de Jaéques . . est descendu de nuit aux vignes, il y avait un homme de Bieudron qui descendait aussi aux vignes. Celui de Bieudron marchait un bout devant lui. Quand celui-ci est arrivé sur le pont du Rh8ne, il s'est arreté. Je ne sais pas trop pourquoi, on n'.aime pas tànt s'arre­ ter sur les ponts, d'habitude. Ma foi, il s'est arreté et il a dit qu'il avait entendu dire dans le Rh8ne ; "L'heure est là, mais l'homme n'est pas là ". Il a dit qu'il s'est arreté juste un petit moment et qu'après il avait vu venir Barthélemy à toute vites­ se, camme s'il avait été chassé. Curieux ça, de nuit. Il venait sur le pont du Rh8ne, là où il était lui, et puis il a laissé partir (tomber) le chapeau bas au Rh8ne - il faisait bien du vent. Tamf n'à pas dit un mòt, mais il a còuru comme l'orage en bas du pont. Il s 'est avancé sur un épi du Rh8ne pour ramasser le chapeau. Il a glissé� il a fait la culbute et a disparu dans le Rh6ne. Celui de Bieudron n'a meme pas eu le temps de crier. C'est arrivé du temps de ma mère. Elle avait bien connu les deux hommes ». Cè motif légendaire de l'heure prédestinée est très répandu et a été étudié, not arnrn ent par Robert Wildhaber2• Il n'est que rarement associé à l'eau couran­ te, mais un des exemples les plus anciens, est déjà rattaché au Rhòne, à Arles en 1211. Les très nombreuses autres versions se déroulent sàns que l'eau n'y joue un ròle significatif. Comme pour le récit de la mort promise dans le torrent Be, la farce qui attire les protagonistes vers la mort semble agir de plus loin et l' eau n'etre que le lieu prédestinéc PeuHm déduire de ces récits que l'eau courante peut exercer une at:tirance néfaste sur les humains, sans contact physique ? Où n'attribuait-on cette force pas plutòt au pouvoir de personnages surnaturels, voire du destin ? Par un curieux retournement de l'esprit, à une période de distancement de toutes les croyances qualifiées in globo de superstitions, a succédé une époque qui a ressuscité les craintes de la farce négative et cachée de l'eau, cette foìs-ci construite sur des raisonnements scientifiques ou pse . udo-scientifiques. Penchons-nous un ou deux siècles en arrière : 178