Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy

La farce cachee de l'eau Le docteur Schiner, dans sa Description du Département du Simplon del813 écrit p. 190 : « . . . e ' est donc une rruvre admirable de la Providence, que les mersfassent circuler leurs eaux dans le sein du globe par des canaux . . . ». En effet, mes informa­ teurs valaisans pensaient tous, que les eaux douces de la terre étaient reliées entre-elles par un vaste système de canaux souterrains et de ce fait soumises au flux et reflux conditionnés par la lune. En décroit de lune, les eaux se retireraient dans les profondeurs de la terre et ne pourraient etre captées. Anciennement, les sourciers tenaient toujours compte de la lune en cherchant de l'eau et certains s'y conforment encore actuellement. Bien sfu, en région de montagne, les sources sont nombreuses, mais dans tous les villages de montagne il y avait néanmoins une ou plusieurs personnes sachant 'sentir' l'eau. Si leur savoir n'était pas suffisant, on n'hésitait pas à faire venir des sourciers de renom, sur­ tout lorsqu'il s'agissait d'entreprendre des recherches pour des aductions com­ munales d'eau, par exemple. On oublie parfois que les armées européennes, à commencer par celles des Romains et jusqu'aux armées de la dernière guerre, avaient des sourciers pour leur assurer l'eau nécessaire aux troupes. Pendant les guerres mondiales du siècle passé, les sourciers des armées ont aussi été impli­ qués dans la recherches de cavités souterraines aptes à abriter des soldats 011 à cacher des réserves d'armements. Les sourciers que j'ai cònnus en Valais peu après la guerre, s'étaient instruits dans des livres, surtout les publications de l'abbé Mermet et avaient générale­ ment passé de la baguette fourchue de coudrier aux fils de cuivre puis au pen­ dule. Si, pendant des siècles, voire des millénaires et jusqu'à nos jours, le souci premier des sourciers puis des radiesthésistes, a été de trouver de l'eau pour l'usage quotidien, depuis de nombreuses décennies ils y ont ajouté la recherche de cours d'eau invisibles pouvant nuire à la santé des humains, du bétail et memes des plantes alimentaires. Dans la deuxième moitié du siècle passé on a commencé à chercher à neutraliser les courants vagabonds et l'influence négati­ ve des cours d'eau souterrains. Cette dernière étant surtout nocive là où se croi­ sent cours d'eau souterrains et réseaux de Hartmann. Des géobiologues, des architectes formés dans les instituts de géobiologie et d'innombrables radiesthé­ sistes savent aujourd'hui vous conseiller afin d'éviter ces influences perni­ cieuses. Il arrive, meme dans nos villages de montagne, qu'on fasse appel à la science géobiologique avant de construire une maison ou pour remédier à des ennuis attribués à la farce cachée de l'eau - certains affirment qu'il suffit parfois de déplacer un lit d'un mètre pour voir des malades retrouver la santé. De nombreuses recherches scientifiques et pseudo-scientifiques ont été entre­ prises. De nombreux remèdes et défenses ont été proposés, comme on le fait aussi pour les radiations qu'on pense générées par les antennes. et les lignes à haute tension. Les résultats scientifiquement étayés et reconnus sont rares, les discussions continuent et tout un marché sérieux et de dupes s'est développé. Un fait reste bien établi, la question de la farce cachée de l'eau, de l'influence des courants vagabonds, des champs magnétiques et autres forces invisibles pour ne pas dire occultes, est en train de devenir un motif légendaire de notre temps. 179

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