Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy
Histoires d' eau que le système h'ait pas évolué. Il me semble donc primordial de faire le travail d'analyse des sourees anciennes re1atives à l'irrigation avant de proposer quelque interprétation que ce soit de l'évolution des systèmes d'irr.igation du Valais. La présente contribution n'a évidemment pas la prétention de faire ce travail, ni meme d'en proposer une ébauche. Elle a pour unique objectif de pré sentet un type particulier de documents médiévaux pouvant servir à l'étude de la question, et d'en montrer l'utilité pour l'historien. Le contexte : l'irrigatfon en Valais au Moyen Age , Avant d'aborder le sujet des sources relatives aux bisses et à l'irrigation, il n'est peut-etre pas inutile de rappeler très brièvement le role de l'irrigation dans le contexte général du Valais du: XV• siècle. On le fera en ìnsistant sur les changements dans l'agriculture et l'économie qui s'opèrent dans cette partie des Alpes à cette période. Jùsqu'au XIV• siècle, l'ééonornie agricole du Valais est de type agro-pas� toral : les cu l tures de céréales còtoient un cheptel composé essentiel l ement de petit bétail (moutons, chèvres, porcs), mais où les bovins ne sont pas totalement absents. Dès la fin du XIV• et le début du XV• siècle, on constate une réorienta tion de l'agriculture, du moins pour un certain milieu paysan, vers l'élevage bovin à des fins commerciales. Cette mutation agricole est d .irectement liée à la nouvelle situation démographique et économique issue des crises du XIV• siècle. Je relèverai trois éléments essentiels de ce phénornène : la nouvelle dis ponibilité de terres, vu la dépression déinographique, les débouchés grandis sants dans les centres urbains péri-alpins (Piémont, Lornbardie) pour les pro duits de l1élevage, mais aussi la volonté d'un certain milieu paysan de saisir l'occasion de cette nouvelle situation pour réorienter l eurs activités. Cette pro fonde mutation aura des répercussions sur la mise en valeur du sol en général et sur le développement des systèmes d'irrigation en particulier4. Plus de vaches donc. Et qui dit éleva ge bovin dit également nécèssité d'améliorer les ressources fourragères. Contrairement aux moutons ou aux chèvres, les vaches exigent un soin particulier : elles requièrent une stabulation plus longùe, elles consomment beaucoup plus de fourra g e et celui-ci doit etre de meilleure qualité. En projetant d'élever du gros bétail pour le vendre, les paysans doivent donc absolument trouver des moyens d'obtenir plus d 'herbe pour nourrir leuts betes, soit en été (herbe fra1che), soit en hiver (foin). Ils pro posent plusieurs solutions à Gès nouvel l es contraintes. La première est l'extension des s urfaces de fauche, sur des terres alors moins occupées, parfois aù détriment des cultures céréalières5• Comme la popu lation est moins nombreuse, il n'est pas impossible de recon:vertir les champs 20
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