Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy

L'irrigation dans le èantòn de Puget-Théniers en 1869, d'après le cadastre "napòléonien" Quand il s'agit d'une détivation d'un petit cùurs d'eau ou d'un torrent (« riou » ) , les hornmes dressent un « barrage ». En fait, i l s créent une retenue d'eau dans laquelle ils dérivent parfois un des bras du torrent. La retenue se compose d'un amoncellement de pierres moyennes et d'un talus rnarneux. Le barrage consiste parfois en un unique fagot de genet, à l'exemple du canal dit de St É tienne au hameau des Amarines, (Planche II)11• À chaque sursaut de colè­ re du torrent cònsécutif à un orage, la crue doit emporter « l'édifice » afin que le canal ne s ' ensable pas. Les cultivateurs aménagent le départ du canal en dispo­ sant des pierres pour éviter son engorgement. Des pierres de taille moyenne légèrement espacées en chicanes ferment l'entrée tout en laissartt filtrer l'eau, un e pierre plus grosse tel le linteau d'une porte lés surmonte et recouvre l e c:anal. Ces pierres font office de martelière. Lorsque le tonnerre grondait, au hameau de Léouvé .(La Croix-sur-Roudoule) l'arrosant le plus proche du capta­ ge partait boucher la prise d'eau du canal pour éviter sbn engorgement mar­ neux l ors des violentes précipitations. Les canaux sont alors creusés . à meme la terre malgré les infiltrations. Avec l'usage, un dépot argileux se dépose dan5 le fond et en renforce l'étanchéité. Leur largeur et leur profondeur sont de 20 à .30 cm ce qui correspond à la taille du tranchant de l'outil utilisé (houe, « ichaù �>). La pente longitudinale est faible (2 à 4 % pour l e canal Brouchier à Puget-Théniers). Une valeur adaptée doit etre recherchée pcmr éviter soit l'érosion du fond s . ur les biefs en forte pente, soit le colmatage le long des pentes trop faibles. Rares sont les canaux qui écoulent encore de l'eau et survivent parce qu'encore entretenus, à flanc de coteau. C'est le cas du canal d'Amarines (Planche II) qui serpente, accroché au­ dessus d'une déniveUation qui s'accroit rapidement avec l'encaissement du ruisseau dont il a été dérivé, entaillé dans une formation de colluvions de toutes tailles. Lé suivre à pied pérmét d'observer la résistance des bords (tu fs et mousses), les traces des travaux de curage décelables aux tas de limons déposés sur la rive aval. Des seuils sont franchis, presque en cascade. On aménage le cahal en marche d'escaliers avec des blocs de pierre, qui limitent l'érosion du fond et ralentissent la progression de l'eau. Les sections sont approfondies et durcies par du tuf. Des créneaux, « décharjaire », ouverts latéralement dans les levées, permettent l'écoulement par surverse des débits excessifs. Le canal chemine à ciel ouvert, creusé à meme la terre, la pierre ou la marne suivant la compositìon géologique du terrain. Le canal « Brouchier » à Puget­ Théniets est en partie creusé dans la roche. Il est soutenu lorsqu'il franchit de petits ravins par des murailles en pierres sèches en gros appareil. La muraille a un fruit important mais, contrairement au mur de terrasses, les lits de pierres · s'échelonnent en escalier. Ce .sont parfois de véritables ouvrages d'art. Sur la rive gauche du Cians (Planche VII), des arcs de pierre en plein cintre soutien­ nent un béal (canal) sur plusieurs mètres. Parfois les béals, pour arriver à leur but, franchissent des rivières sur des gouttières de bois, « lis gourgiero », qui après bien des anttées vont etre remplacées par des canalisations de fonte et de 41

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