Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy
Histoire.s d'eau apparait très souvent en tant que milieu hostile à l'homme, dangereux pour lui, pour ses bètes et pour ses biens matériels. Des noyades obscures En 1367-13681, le chatelain de Saillon rend compte de 4 sous, 6 deniers et une obole mauriçoise2 « trouvés dans la besace d'un homrne noyé dans les eaux du Rh6ne et retrouvé dans la campagne dè Riddes »3• Dans cè geme d'occurrence, e ' est l'.argent retrouvé et revenant au seigneur qui révèle le noyé. Pour une fois, un autre éclairage se présente : l'inconnu avait été repéré par Jean Mantellet et Amédée d'Isérables, qui avaient emporté « environ 4 sous » trouvés dans sa besacè, sans déclarér leur troU:vaille au chiìtelain. Cètte négligencè vaut au pre mier une amende de 3 florins, tandis que le second paie 4 florins ; elle nous per met d'en savoir unpeu plus sur l'affaire4. Des noyades èriminelles Parmi les dépenses comptabilisées en 1346-1347 par le chiìtelain de Saint Maurice figurent les frais de détention et de pendaison de Guillaume de Belmont, « qui avait noyé et tué son frère »5• Dans d'autres cas, l'e:m,ploi du verbe submergere laisse planer un doute. En 1343-1344, par exemple, le chàtelain de Monthey encaisse 70 sous d'amende payés par un juif nommé Abraham, « parce que son fils a immergé (submersit) un jeune chrétien dans l'eau »6• L'a-t il noyé ou l 'a-t-il simplement plongé dans l'eau ? La seconde explication pour rait ètre la bonne dans l'affaire que voici. En 1427-1428, Martin Gaillard d'Orsières verse au chàtelain d'Entremont deux florins et demi « pour avoir sorti de l'église d'Orsières le conchallus de Yspagnia7 et pour l'avoir ensuite préd pité dans l'eau du bief menant au martinet d'Ulric Jorein »6• Après avoir long temps refusé de dire la vérité, Colet de La Douay d'Orsières finit par avouer qu'il a participé à cet acte, à la demande du vicaire d'Orsières ; il verse pour cela 22 florins et demi d'amende9 ! Dans le mème registre de comportements, mais cette fois à un degré bénin, Janinus Angot est, en 1435-1436, « inculpé d'avoit vetsé de l'eau sur dom Pierre Giliat, prette » ; pour ce fait, il verse au chàtelain de Saint-Maurice 3 deniers de gros10• · En marge de ce type d'usage de l'eau, les traités rnédicaux ou moraux du Moyen Age signalent les bains dans l'eau froide camme une pratique abortive11• Les comptes de chàtellenie en contiennent leur version. En 1337- 133 8, Guillaumette, servante du curé d' É troubles, paie au chàtelaind'Aoste la somme très considérable de 4 livres viennoises d'amende « parce qu'elle s'est baignée dans la some.e bénite (infonte benigno)' alors qu'elle était enceinte »1 2 • Des noyades volontaires Violente et glaciale en toutes saisons, l'eau des rivières montagnardes est l'un des moyens courants des suicides alpins13• Ces décès apparaissent dans la 56
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