Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy
L'historien sourcier. À la recherche de l'eau dans les comptes des chatelains savoyards rubrique des amendes (banna). En cas de suicide manqué, c'est le « cùupable » qui paie. Entre 1326 et 1328, le chatelain d'Entremont reçoit 30 sous « d'une pauvre femme qui a voulu se noyer »14• En 1370-1371, Jaquemet Arsi d' É troubles paie 9 florins d'or de bon poids au chatelain d'Aoste, « parce qu'il s'était immergé dans l'eau pour se tuer, ainsi qu'il apparaissait à travers ses actes ; il a été retrouvé dans l'eau presque mort ,»15• En 1358-1359, facola, fille d' Aymonerius de l'Hòpital, de Sembrancher, verse 19 deniers et une obole de gros tournois « parce qu'elle était inculpée d'avoir voulu se noyer » ; le comp table ajoute « bien que ce ne soit pas prouvé », probablement pour justifier la légèreté de l'amende16• En 1353-1354, dans la chatellenie d'Aoste, Jean de Vachis paie 8 livres viennoises « pour avoir fait semblant de vouloir se noyer »1 7 ' . En cas de suicide réussi, l'amende est versée par des membres de l'entoura ge familial. En 1358-1359, un jeune homme de La Thuille (Valdigne) paie 10 flo rins au bailli d'Aoste « parce que sa mère s'est noyée » 18• En 1338-1339, en Valdigne (haute vallée d'Aoste), un certain Ganon paie 10 livres viennoises « parce que sa femme s'est noyée volontairement »19• Le comptable ajoute ce détail : « il a payé pour qu'aucune autre honte n'affecte le corps de cette femme », probable allusion au fait que, comme d'autres suicidés de la région20, cette femme aurait pu subir la honte publique d'un simulacre d'exécution. La rubrique des échutes apporte aussi sa contribution. En 1350-1351, Nicod Vidondoz (Vicedomini) et Henri Alaman d'Orsières rachètent pour 4 florins les meubles échus d' Agnès des Plans, « qui s' est noyée dans les eaux de la Drance »21 ; l'échute suggère que ce décès n'était pas accidente!. Des exécutions par noyade La noyade est le mode d'exécution prévl.!. pour quelques-uns des condam nés à mort repérés dans les comptes de chatellenie valaisans. En 1363, une cer taine Jeannette Manteleta de Besançon, « homicide et traitresse », est emprison née pendant dix-sept jours à Saint-Maurice ; le 24 aoùt, elle est noyée dans le Rhòne22• En 1449 ou 1450, dans la chatellenie de Monthey, un bourreau venant de Lausanne noie un malfaiteur23• Dans les deux cas, les condamnés sont des étrangers2•. Parfois, les proches du condamné demandent pour lui que la pendaison pré vue soit commuée en noyade. En 1328-1329, les « parents et amis » de Michel de Campis de Saxon, condamné à mort pour un vol,, ont fait don au chatelain de Saxon-Entremont de 60 sous mauriçois, « pour qu'il soit noyé, bien qu'il ait été condamné à la pendaison ». Dans une autre rubrique, le chatelain enregistre l'encaissement de 41 sous tirés de la vente des biens échus de ce Michel de Campis ; l'officier nous cònfirme en passant que le condamné a bel et bien été noyé25• En 1357, Michel Poncie devrait etre pendu, et le chatelain de Saint Maurice a déjà fait reconstruire le gibet. Cependant, le 29 octobre, les bourgeois 57
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