Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy
Histoires d'eau de la ville supplient le comte de Savoie de permettre une noyade, « parce qu'il était de la ville ». Ils obtiennnent gain de cause : le chiì.telain paie 7 sous mauri çois « à un certain Fol d'Erde26, qui a noyé le dit Michel dans le Rhòne »27• Le motif de ces requetes pourrait etre la répugnance des familles ou des collectivi tés locales à voir exposé pendant des jouts le cadavre d'un des leurs28• Des noyades d'animaux En 1417-1418, Nicod Queyn et Jean Michel, paroissiens de Fully1 paient au chatelain de Saillon 3 .florins et 9 deniers gros de petit poids « parce qu'ils ont emporté sans la permission du seigneur un sanglier qu'ils avaient trouvé mort dans les eaux du Rhòne »29• Ce qui vaut à cet animal d'apparaitre ici, c'est peut etre le fait que, titulaire du droit de « rivage », le seigneur a, entre autres, droit aux cadavres d 'animq.ux trouvés sur les rives30• Plus simple est le méfait qui, en 1438-1439, vaut à Raymond Lovay d'Orsiètès une amende de 15 deniers et trois quarts de gros : il a « dépecé une jument de Pierre Jacobi, laquelle était tombée dans le torrent de la Putaz Ruyna »31 • Ces noyades ne sont pas toujours accidentelles. En 1403-1404, plusieurs hommes d'Arbignon et de Dorénaz, aux confins sud-orientaux de la vaste paroisse de Saint-Maurice, paient ensemble 60 sous d'amende au chatelain de Saint-Maurice ; ils ont chassé les juments des hommes de Vérossaz, qui pais saient à Dorénaz dans les paturages communs ; sous le coup de l'émotion, cer taines de ces betes se sont noyées dans le Rhòne32• Des destructions de biens On le sait trop bien dans les Alpes, les eaux peuvent se déchainer et détruire les terroirs cultivés, les villages et d'autres installations humaines. Dans les comptes des chatelains, cette puissance destructrice apparait dans toute sa violence à propos des moulins ou d'autres machines hydrauliques situées à proximité des cours d'eau. Camme ces engins appartiennent au sei gneur, les frais d'entretien et de réparation figurent dans les comptes des chatelains, avec farce précisions sur la cause des dégats et sur les travaux entrepris33• Je n'entrerai pas ici dans les détails, sauf sur un point, qui nous touche directement. Avant de décrire les réparations à faire, les probi homines, c'est-à dire les experts consultés, donnent parfois leur avis sur les causes de la catas t:rophe survenue. C'est l'occasion de constater que ces indigènes, souvent des charpentiers, savent expliquer les phénomènes naturels d'une manière tout à fait réaliste. En 1 40 1 -1402, par exemple, on répare le bief d'un moulin d'Orsières, détruit et rempli de pierres par des masses d'eau « qui sont venues du Valsorey de Bòurg-Saint-Pierre »34• En janvier 1409, on répare le 58
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