Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy
L'historien sourcier. À la recherche de l'eau dans les comptes des çhatelains savoyards . taines ? On peut, dans un cas au moins, les imaginer cònstituées de bassins de bois. Durant l'été 1443, une violente crue de la Drance ravage les cultur:es et les chemins, et sur sa lancée, « détruit totalement la fontaine (jon.s) toute proche du village de Sembrancher, ainsi que la fontaine (fans) des Clages, proche de là, avèc leurs coffres (cum archis suis)». Signe de l'importance que ces installations revetent pour les bourgeois, le due de Savoie leur accorde, après enquete, une somme de 50 florins de petit poids destinés à leur réparation50• La toponymie locale permet ici ou là de repérer ces fontaines. Je pense par exemple aux « bourheaux » qui, à Saillon, donnent leur nom à une zone située hors du bourg, sous la porte orientale de la petite ville. On trouve dans les inventaires de mobilier des objets liés à l'eau d'usage domestique. Ils forment un trio, présent en automne 1441 dans la maison de Pierre Fournier de Fontanay (paroisse d' Aigle). Il consiste en un bassin (cacia) pour conserver l'eau, un seau de fer pour la transporter et une louche de cuivre pour puiser dans la réserve51• Chez Béatrice Flamen de Sembrancher, meurtrière de son notaire de mari, on trouve en 1377-1378 un petit récipient pòur puiser l'eau (caceta pro auriendo aquam), taxé 4 deniers mauriçois, ainsi qu'un sea{i des� tiné au transport de l'eau (una situla aque pro deportando aquam), de meme valeur52• Le seau à eau figure aussi, mais tout Seul, dans l'inventaire d'Ansermet d'Essertanod (paroisse d'Aigle), en été 144l53, èt dans celui de Laurent Longy d'Orsières, en 1453 (una setula pro aqua)54• Chez Jean Putier l'àmé, cl'Orsières, il y a, en 1419, un ba:ssin de cuivre pour garder une réserve d'eau (una cacia cupri ari tenendum aquam)55• Le meme objet est inventorié à Reppaz (paroisse d'Orsières) en 1420, chez les frères Jean et Colet Tissières (una cacia cupri ad tenendum in aqua), associé avec une louche de cuivre (unus pochonus cupri)56• Jean Colaz d'Orsières est, en 1443, propriétaire d'un bassin à eau (una cacia aque) et d'une lòuche de cuìvre .(unus pochonus cupri)57• Guillaume Garbilliodi d'Orsières, proba blement un aubergiste, dispose e;n 14M de deux récipients de cuivre pour tenir l'eau, l'un plus petit que l'autre (una cacia aque cupri et una alia caceta cupri)58• En 1445, Perrod Theytaz de Còmmeire (paroìsse d'Orsières) n'en a qu'un, et de peu de valeur (una cacia cupri aque pauci valoris)59• Dans les conditions où cm la consomme au Moyen Age (et bìen plus tard), l'eau peut etre un produit dangereux, comme le médecin piémontais Giacomo Albini le soulignajt au XJV • siède (sans faire preuve d'originalité) dans son De sanitatis custodia60• Ce danger .n'a rien d'imaginaire61• Des gens jettent dans les puits ou les fontaines toutes sortes d'horreurs, dont voici quelques exemples. En 1365 . , un certain Rapelin de Donnaz (Vallée d; Aoste) paie une amende de 15 sous d'Asti « pour avoir jeté un chien dans le puits de Donnaz »62• En 1375-1376, Vionet Maruglier dépose une bouse de vache dans l'eau d'Aigle, avec l'aide de Villerey Maruglier ; ce haut fait vaut au premier unè amende de 10 sous mauri çois, tandis que son complice verse 2 sous63• D'autres laissent tremper dans les fontaines des cuirs en cours de préparation. En 1384-1385, Gérard Oreillier paie :3 sous 9 deniers mauriçois au chàtelain de Chillon « parce qu'il a mìs dans la fontaine d 'Aigle des cuirs qu'il tannait, au mépris de l a communauté 61
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