Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy

L'historieh sourcier. À la recherchè de l'eau dans les comptes des chatelains savoyards Genève, par le Rhone » sjx muids et onze coupes de froment (environ une tonne et demie), destinés aùX dépenses du comte100• Efl 1455-1456, à Aigle, Rolet Burdinat verse 4 deniers et une obole de gros dè petit poids au chiì.telain de Chillon « pour avoir conduit sur le Rhone la barque de Perrod Gogorsii, sans sa permission »101. En 1394-1395, Jean Medici et cinq autres personnes paient des amendes au chatelain de Chillon, parce qu'ils se sont emparés, sans la déclarer aux officiets du comtè, d'une petite barque (nauticula) qui avait coulé pendant une eme du Rhone ; elle s'était échouée dans les vernes du coté de Collombey­ le-Grand 102 • En amont d' Aigle, les mentions se font plus rares. Un texte démontre cepen­ dant la navigabilité du Rhone, de Conthey à Saint-Maurice, au tout début de l'automne, probablement dans des conditions opfimales. Dans son compte pour 1373-1375, le chatelain de Conthey fait état de 6 sous tnauriçois payés « à deux homrnes qui ont conduit de Conthey à Saint-Maurice, avèc une embarca­ tion (cum quodam nagello), un ours pris dans la foret comtale de Bieudron, lors de la chasse que les hommes de Nendaz doivent au cotnte le jour de la Saint­ Michel103 ; ils l'ont arnené à la comtesse, qui se trouvait alors à Saint-Maurìce » ; la dépense inclut le salairè, les frais et la location de l'embarcation104 • En 1373- 1375 également, Jean de Chamoson, de Riddes, verse 6 sous mauriçois au chate­ lain de Saillon « parce qu'il a vendu un bateau qu'il avait trouvé dans le Rhone, sans avoir annoncé Sa trouvaille au chatelain » ; son complice, maìtre Jean Barbarodi, verse 5 sous105• Perspectives Avant de quitter ce texte, je reviens sur deux points. En premier lieu, si l' on peut certes apprécier la diversité des regards que les comptes " de chatellenie savoyards permettent à l'historien, on doit insister sur la nécessité de pour­ suivre l'enquete à travers d'autres sources. En sècond lieu, l'enquete doit etre continuée dans la langue durée et s'axer résolument sur le présent. Je pense en particulier au Rhone. Aujourd'hui, le fleuve caule entre deux digues continues, qui l'isolent de son contexte au point qu'on a fini par oublier un peu ce vieux compagnon. Lorsqu'il reprend laparo­ le, comme il l'a fait plusieurs fois cès dernières années, on nè sait plus trop comment en faire façon. Or le projet de la Troisième Correçtion dy Rh6ne entend rendre au fleuve quelque liberté (certes surveillée). Je suis persuadé que l'étude attentive des anciennes pratiques petmèttra aùx humains d'aujourd'hui de réapprendre le Rhone pour l'apprivoiser dans sa semi-liberté. Toutes sortes de documents anciens nous le montrent en effet libre de ses mouvements, sauf en quelques endroits où, à coups de « barrìères » judicieusemenf placées, les rìve­ rains lui imposaient pour quelques kilomètres une direction générale. Ces textes prouvent que les populations le connaissaient assez bien pour coexister avec lui. 65

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