Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy

Histoires d'eau plus conséquents d'entre eux allant jusqu'à 10 km de long et dotés parfois d'aqueducs coupés à meme la roche. L'Enquète Agricole de 1929 témoigne d'une superficie arrosée en Maurienne et en Tarentaise d'environ 6 "500 hec­ tares. Construits en maçonnerie grossière pour les captages principaux et en pierres plates et bois du mélèze pour les canaux, ces systèmes en Vanoise apportaìent l'eau des cours d'eau et parfois des lacs de montagne vers les diverses aires humanisées, permettant ainsi l'arrosage des prairies de fauche principalement, les alpages et les jardins secondairement, mais àussi parfois des champs cultivés (Godefroy 1941 ; Hudry 1985 ; Onde 1940). . Apprivoiséè et contròlée ainsi pendant peut-ètre un millénaire, l'eau a représenté une ressource primordiale pour la réussite des foins et clone pour le succès du secteur pastora! de l'économie traditionnelle. Il se peut que l'eau ait été utilisée èxceptionnellement pour arroser des céréales, mais ce point reste encore ambigu. Néanmoins, à partir du 18• siècle, les champs de pommes de terres étaient arrosés régulièrement. Dans certains systèmes, après avoir desser­ vi les prés de fauche et les champs, on amenait 1'eau aux montagnettes et mème jusqu'aux villages pour les pourvoir en eau potable, en cas d'incendie, et pour faire fonctionner les diverses petites usines camme les moulins, les forges et les scieries. L'eau ainsi canalisée était fortement so1licitée mais limitée. Les montagnards géraient ces systèmes à différents niveaux d' i ntégration, selon des règles sophistiquées qui établissaient la répartition des eaux par rap­ port au nombre et par rapport à la superficie des propriétés desservies. Les règles d'usage et de maintenance étaient parfois écrites, mais nous semble-t-il, elles étaient le plus souvent orales. Certaines communes et mème des petites régions ont établi des syndicats pour gérer les systèmes, mais aussi pour régler les contentieux assez fréquents (i.e. Onde 1940 : 482, 487). Les systèmes hydrauliques traditionnels de la Vanoise jouaient ainsi des ròles fondamentaux pour les productions agropastorales et pour répondre à d'autres besoins des sociétés montagnardes. Ils étaient dotés de structures, de technologiès et de règles complexes de gérance, de maintenance et de jurispru­ dence, donnant aux communautés montagnardes un visage à la fois entrepre­ nant et associati{ dans leur manière d'agencer leurs territoires et de conduire lèurs ressources naturelles pour le bien ètre des individus et des collectivités. Un inventaire sommaire nous a déjà permis de répertorier la présence de sys­ tème.s d'irrigation dans environ deux douzaines des communes du massif de la Vanoise. Bien qu'apportant des contr:ibutions importantes à la production four­ ragère, et à de nombreux autres aspects de la vie quotidienne, ces systèmes aient été peu étudiés en Savoie, n'ayant jamais bénéficié d'un inventaire com­ plet ni d'une recherche approfondie. Depuis peu, nous entamons un projet de recherche sur l'irrigation en Vanoise. Ayant voulu situer ces systèmes dans leur contexte circum-alpin, nous avons formulé notre réflexion à travers les questions suivantes : 72

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