Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy

Feu les « artifices » au Val d'Aoste la production de ces vases ait certainement été importante au bas Moyen Age à Ayas et à Champorcher. Grace aux comptes des Chiìtellenies, on a un témoigna­ ge historique de l'existence d'ung artifice de tour à tourner lavets à Champorcher en 1347-13501 0 • Le plus simple de tous les mécanismes est sans aucun doute celui du petit moulin à turbine horizontale, le "tourbillet"11• On ne connaìt pas l'origine de c:es moulins. D'après le professeur Pelet, il y en a eu dans toutes les montagnes d'Europe et meme d'Asie. Ce type de roue est répandu de �adère au Japon12, en passant par le Népal et I' Afrique du Nord. Giuseppe Sebesta, fondateur du musée ethnographique de San Michele, les signale en Anatolie, dans le Caucase et les Balkans (Bosniè, Albanie, Roumanie), en Provence, en Espagne, au Portugal et en Italie (Romagna, Marche, Toscane, Abruzzes, Haut-Adige). La bibliographie les qualifie tour à tour dè « grecs », de « prévitruviens » ou de « nordiques »13• La survie des populations rurales était liée à l'existence de ces petits mou­ lins au fonctionnement simple, semblable à celui des moulins à main servant à broyer le sel dans les alpages. La charge en eau de ce type était modeste et souvent discontinue. Ils fonctionnaient en automne ou, au printemps, à la fonte des neiges. Là où l'eau était rare, on ne les mettait en action que par mauvais temps, d'où leur nom lo moleun di beurt tin. En Vallée d'Aoste, on trouve essentiellement deux types de moulins à céréales : Lo molin, le moulin qui permettait de réduire le froment et surtout le seigle en farine. Il était composé de deux meules circulaires horizontales, sur­ montées d'une trémie en bois. Seule la meule supérieure tournait parce qu'elle était solidaire de l'arbre-moteur portant à sa base la roue avec des pales en bois (parfois en fer au XX•) ou des cuillers (encastrées dans l'arbre) qui étaient soumises au jet d'eau de façon tangentielle. Ce jet est canalisé dans un chenal en bois ou à partir du XX• siècle dans une conduite forcée en fer (Giassière, Perloz ; Vedun, Avise). Le moulin était abrité en général dans un petit biìtiment de 4 m sur 5 environ, construits en pierre, couvert de planches ou de lauzes et com­ portant un setil locai. Un fort plancher en bois séparait la roue à eau du moulin proprement dit. À Ayas, il existe encore deux exemplaires de moulins , dont les parois sont en bois, à Lignod et à Mascognaz. La roue a environ un mètre vìngt de diamètre, les meules de 70 à 100 centi­ mètres environ. Meme si la Vallée d'Aoste est traditionnellement une région productrice de meules de moulins14, certaines meules sont com­ posées de plusieurs éléments, cerclés de fer. 85