Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy
Histoires d'eau La pila ou la pista était moins fréquente, mais sporadique autrefois sur l'ensemble du ter ritoire. Ce type de moulin servait surtout à monder l'orge pour faire « la pilou )>, la bouillie d'orge, camme on dit à Bionaz, mais aussi pour écra ser les fruits (les noix surtout) et pour battre le chanvre. Il est composé d'une large dalle de forme circulaire, sur laquelle roule une pierre tron conique actionnée par un bras horizontal. En général, dans notre vallée, la dalle inférieure est munie d'un rebord épais en bois ou bien la pierre est excavée. Le bras horizontal traverse l'arbre-moteur vertical, portant à sa base les pales du moulin. La meule de basé pèut atteindre deux mètres de diamètre. C'est le cas de celle de Colombit à Fontainemore. Ces pistes avaient souvent plusieurs usages en Vallée d'Aoste, camme en Valais ou dans les Hautes-Alpes en France. 3. La propriété et le nombre des moulins Sous l'ancien Régime, les moulins étaient fort nombreux en Vallée d'Aoste, à toutes les altitudes. Beaucoup de moulins ont été abandonnés dans la seconde moitié du XIX• siècle, à partir du moment où ils ont fait l'objet d'une taxe parti culière à payer au meunier en espèces sonnantes et trébuchantes, la tassa sul macinato15• Les personnes agées en parlent encore aujourd'hui pour expliquer le démantèlement des moulins. Certes, la diminution de la production céréalière s'explique par de nombreuses raisons toutes aussi valables les unes que les autres : l'arrivée du chemin de fer et des céréales de la plaine, l'introduction de la pomme de terre dans la l'alimentation, l'émigration, la poussée de l'élevage pour produire de la fantine. Du point de vue cadastral, à partir de 1851, les moulins sont dissociés des registres fonciers, appelés colonnaires. En outre, dans certains fonds d'archives communales, on trouve des listes d'artifices, clas sés par type, datant de la seconde moitié du XIX• siècle avec le nom de leurs propriétaires. En Vallée d'Aoste, du XVII• au début du xx• siècle, les moulins appartien nent soit à des privés, soit à des communautés de villages. C'est pour cette rai son que les archives notariales comprennent de nombreux actes concernant les moulins, dressés par les syndics et les communiers. Aucune étude générale sur la propriété des moulins n'a été réalisée jusqu'à ce jour, mais il semble évident, à première vue, que la situation est fort semblable à ce qui existe en Tarentaise16 : en présence de formes d'habitat groupé (bourgs, gros villages, ensemble de hameaux solidaires) au XVIII• siècle, les moulins à céréales appar tiennent aux communautés d'habitants, à des consorteries et, meme dans le cas de certains harneaux (par exemple, Torrent de Pré-Saint-Didier, É tirol de Torgnon, . . . ). Cependant une grande partie des moulins sont privés, surtout en zone d'habitat dispersé camme à Gressoney-Saint-Jean. En effet, le cadastre sarde de 1770 environ montre qu'il y existe une multitude de petits moulins appartenant à un seul particulier. À Cogne, Ayas, Brusson, Pré-Saint-Didier, par 86
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