Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy

Histoires d'eau D'après la bibliographie, ces petits moulins à céréales ont la réputation d'etre peu coùteux, cependant, tout est relatif. Il faut tenir compte qu'ils étaient sujets à de fréquentes remises en état et que ce sont des spécialistes qui les construisaient. La fin du chantier avec livraison du travail fin pret était en géné­ ral fixée au mois de mai. En 1714, Joseph Castel de Castel (à Gresonney-Saint­ Jean) fait construire « une cabane de moulin ensemble d'un moulin dedans vertans [ . . . ] de cinq pieds de chantonée dez le ras de terre . . . et de neufs bons pieds de chacque costé. . . large les mourailles d'un pied et demy à pierre sèche bienfarcies et capables [ . . . ] ». Cout de l'opération : 40 livres - le prix d'une vache18-, plus deux aulnes de toile propre àfaire cravattes19• À Ayas, dans un prix-fait de 165420, les communiers du hameau du Frachey commandent à Maistre Antoine Favre la reconstruction du moulin « pour la somme de 23 escus . . . et deux pains de seigle conve­ nables pour chaque maison, revenant à douze pains en tout, plus le soupper soit pottage durant le temps qu'il demeurera audict travail ». Un autre exemple de 1 676, toujours à Ayas21, présente la construction « [ . . . ] d'un mollin avec torbillet au pied du Verney des Roczes », à Champoluc, y compris les canaux d'adduction d'eau, et évalue la valeur du travail « sçavoir de luy payer, deslivrer et satisf­ Jaire une vache ». Ces trois cas, que je n'approfondirai pas plus en détail, sont de simples indi­ cateurs pour fixer un ordre de valeur des petits moulins isolés entre XVII• et XVIIl• siècles. La comparaison entre les cadastres d'époques différentes, utilisée pour mon­ trer la diminution des moulins en activité à Gressoney, donne de moins bons résultats dans le cas des gros moulins à fonctions collectives, en effet le nombre de roues en action n'est pas toujours cité. À Ayas, où certains « cantons » gèrent leurs moulins en commun sous l'an­ cien régime, la situation était bien différente de celle de Gressoney. Le poids de la céréaliculture était fondamenta! dans une commune comme Ayas, particulièrement peuplée à la fin de XVID• siècle : 1727 habitants en 1782. À l'époque, on sait qu'il n'y avait pas moins de 15 sites à moulins, mais le nombre de roues n'est pas signalé au cadastre sarde. Certains moulins apparte­ naient à des groupes de communiers, c;omme à Lignod, à Antagnod, dans le canton de Mentenc, Pillaz et Bizous et dans celui de Champoluc-Magnéaz et 88

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