Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy

Feu les « artifices » au Val d'Aoste chaque printemps restaurer la prise dans le torrent, les vannes et les systèmes d'écluses. Cette complémentarité de production se retrouve en certains points précis du territoire, surtout, comme je l'ai signalé au début de l'exposé, à coté des bourgs ou au chef-lieu des communes agropastorales comme à coté de Plan d'Introd, à la Veulla de Valpelline, à coté de l'église de Fontainemore où conver­ geait la population provenant des vallées latérales ou des versants proches den­ sément habités. Ces groupes de moulins différents sont toujours situés près d'un torrent impétueux, riche en eau du printemp s à l'automne : la Doire de Rhemes, le Buthier, le Lys, l'Ayasse, l'Artanavaz, l'Evançon. À Ayas, d'après le Nuovo catasto Terreni, il y avait encore 23 moulins à céréales en fonction au début du XX• siècle pour une population de 1"653 habi­ tants, ce qui signifie 72 bouches à nourrir par moulin à céréales. À titre comparatif, à Champorcher, on connait exactement le nombre de roues de moulins actives en 1851 : 13 moulins, 3 battoirs pour les draps et 1 forge pour 1 ·190 habitants : un moulin pour 84 habitants28• En France, d'après les statistiques impériales de 1809, dans certains départe­ ments il y aurait eu un moulin par centaine d'habitants29• Dans d'autres dépar­ tements, un moulin aurait travaillé pour trois cents bouches à nourrir, mais dans les villes, ce chiffre serait monté à cinq mille. On peut imaginer sans difficulté que pendant la première moitié du XIX " siècle, il y avait près de mille petits moulins à céréales30 qui, en automne ou par temps de pluie, se mettaient à ronronner dans notre vallée. Ils ont presque tous disparus ou sont en ruine et, parrni ceux qui survivent, bien rares sont ceux qui entrent encore en mouvement. Notes 1 Une tradition veut qu'il y aurait eu un moulin à vent à Pté-Saint-Didier, à 1' amont du village de La Balme, sur la route du Petit-Saint-Bernard. Il reste des ruines de ce moulin de l' ouwa, mais, comme la zone est très ventilée, nous pensons que ce fait a suffi à la création du topònyme, cependant le lieu-dit rend perplexe. 2 P.-L. VEscoz, « Phénomènes atmosphériques. Souvenir des principales anomalies du temps, observées en Val/ée d'Aoste dans le cours du XIX' siècle, » in B.S.F.V, 1919, pp. 1-41 ; et F. BAUDIN, Champorcher. La storia di una comunità dai suoi documenti, Aosta, 1999, pp. 241-245. 3 Je me base sur la situatiòn au début du XX• siècle, illustrée par les plans du NCT (Nuovo Catasto Terreni de l'Agenzia del Territorio, ex-Ufficio tecnico Erariale d'Aoste, en un mot du cadastre). • O. ZANOLLI, Lillianes, T. I., Aoste, 1 9 85, p. 363. 5 O. ZANOLLI, op. cit., pp. 372-373. 6 O. ZANOLLI, op. cit., pp. 364-368. 7 J.-C. PERRIN, Aymavilles, T.l, Aoste, 1987, pp. 183-193. 91

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