Histoires d'eau actes de la conférence annuelle sur l'activité scientifique du Centre d'études francoprovençales Saint-Nicolas, 15-16 décembre 2001 Rosito Champrétavy

Histoires d' eau cette zone est particulièrement faible et les perturbations y sont étroitement liées à la direction du vent, comme partout ailleurs en Vallée d'Aoste, à cause de la :tnorphologie de la batrière des Alpes. Les isohyètes1 se rapportant à ces deux Communes, sont très proches des minima régionaux, se plaçant autour de 600 mm par an. Pour bien saisir le sens de cette donnée on peut rappeler que dans des régions proches de la Vallée d'Aoste les précipitations ne descendent jamais en dessous de 1000 mm et que souvent elles y atteignent 2000 mm. On peut :rnentionner à ce sujet, par exémple, le Valchiuséllà ou le Val Sesia, mais aussi la Tarentaise ou la vallée de Chamonix. On doit remarquer, par ailleurs, que le terrain de cette zone, alternant des plaques rocheusés à des terrasses morainiques, tout eh étant suffisamment fer­ tile, est formé de mottes desséchées par le soleil, que nos campagnards appel­ lent « blantsin » : elles ne sont que la gangue argileuse incorporant de minus­ cules cailloux, compacte quand elle est sèche, :mais extré:rnement friable si elle est excessivement humidifiée, donnant lieu aux <( cailles » que les paysans connaissent bien. Il en découle une forte instabili�é du versant ; la preuve : l'église paroissiale de Saint-Denis est restée longtemps fermée au culte après 1963, à éause de la nature du terrain qui la soutient. Sur la base de ces brèves considérations on peut constater que l'arrnsage est une nécessité pour la vie et le développement des communautés de cette zone1 mais qu'il doit etre géré au mieux, de manière à ne pas entrainer des dégiìts qui seraient importants. C'est là un enseignement que nos ancétres ont transmis de père en fils, au moyen de codifications strictes et de règles définies, partagées par la collectivité darts la mesure où elles reflètent le bon sens du commun des gen5 : un enseignement qu'ils ont tiìché de transmettre à notre génération, qui est beaucoup moins consciente de la « respiration » de la terre, mais tout aussi dépendante , d'elle. Serons-nous à méme, par la redécouverte des rus aussi, de lire une page d'éducatiort civique, mais aussi de « protection civile », écrite au Moyen Age ? 2. L'institution du ru Le 24 aoùt 1423, dans son verger près du chateau, le vice-chatelain de Cly, noble Claude Vaudan, au nom du due A:rnédée VIII de Savoie, recevait une soixantaine de chefs de famille: une trentaine de Saint-Denis et une trentaine de Verrayes2• Le but de cette réunion était de dresser un contrat d'inféodation, en faveur des présents et du curé de Sì-Martin de Verrayes, qui était absent. L'objet de ce contrat, qui concernait uniquement les Verrayons et les Saint­ Denisots à l'exclusion des habitants de toute autre paroisse, était toute l' eau qui descend et coule de la Valtournenche, « tam de monte Servino, de torrente de Chiniana, de Oytero quam de aliis montibus existentibus a loco de Corieron usque ad locum de Suppery » et depuis le fond du Marmore jw;qu'à la sommité dés ìnonts 102

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