Historique du Pays d'Aoste

par Jean - Martin- Félix Orsières 73 quarts de lieue au de-là d'Aoste ; mais il se resserre . près de Villefranche, d'où il se retrécit encore jus­ qu'aux environs du Bourg de Nus, où il se dégage de nouveau jusqu'à Chambave. Ici le voyageur fatigué doit faire halte pour se rafraîchir au moyen d'une bouteille de l'excellent vin blanc qui s'y cultive, si connu sous le nom de vin blanc, soU muscat de Cham- bave. · Depuis les environs de Chambave jusqu'à une de­ mi-lieue au de-là, la - Vallée se resserre de . nouveau. Mais en approchant du Bourg de Châtillon, la scène change : le beau château de Madame de Cha}and s'of· fre le premier à la vue, et présente dans se alentours une perspective ravissante et difficile à décrire, · jus'­ qu'ai.I de-là du Bourg de St-Vincent. A une demi-lieue de ce dernier Bourg, commence une desèente ombra­ gée de châtaigniers et de noyers d'un fort quart de lieue. Cette descente n'est que le prélude de celle de Mont-Jovet. Celle-ci n'offre rien que d'effrayant à !'oeil du voyageur. S'il élève ses yeux à droite, il a pow . spectacle une agglomération de monts pyramidaux qui se perdent dans les nues. S'il les abaisse, il plon­ ge dans un gouffre profond où la Doire en fureur bri­ se avec fracas ses eaux contre les débris des rochers qui sans cesse se détachent des monts latéraux. A gauche et au-dessus de lui, il est comme écrasé par une énorme montagne . qui surplombe au-dessus de sa tête, et dont de gros blocs semblent à chaque ins­ tant se détacher pour se précipiter sur lui. Ici la route est taillée dans le roc vif, et signale l'ouvrage d'un . grand Prince, bienfaiteur de ses sujets. On se hâte pour s'arracher à ce théâtre d'horreur. Bientôt après, l'horizon s'ouvre de nouveau, se retré­ cit ensuite et s'oµvre encore: et dans ces alternatives vous arrivez par mille v sinuosités au Bourg de Verrès,