L'invasion française de 1691

- 21- Les fuyards de la Savoie ne faisaient qu'accroître la confusion et mettre l'alarme dans les postes. La mort d'unjeune et vaillant officier des milices, noble Elzéard Passerin, la porta à son comble. Il était allé en exploration vers le Petit-Saint-Bernard, avec une escorte peu nombreuse. A quelque distance de l'hos­ pice, ils aperçoivent tout à coup une troupe de dragons français, arrivant au galop. Les siens n'at­ tendent pas d'être chargés ; ils l'abandonnent et fuient à toutes jambes. Demeuré seul et sommé de se rendre, il préféra la mort et tomba percé de coups. Noble exemple qui ne trouva guère d'imitateurs ! Il ne servit au contraire qu'à augmenter la frayeur générale. La plupart des postes furent abandonnés ; officiers et soldats se retiraient sans attendre aucun ordre. . On les remplaçait comme on pouvait : on n'avait plus d'hommes. Le pays était ouvert à tout venant. Quatre-vingts dragons français àvaient pu descendre un jom· jusqu'à La-Thuile et repartir le soir pour le Petit-Saint-Bernard, sans coup férir. Il est bien vrai qu'on avait reçu, le 7 septem­ bre, l'avis que nos milices, qui étaient en Piémont, venaient d'être congédiées ; mais pouvait-on songer à rappeler immédiatement au service des hommes épuisés par toute sorte de souffrances et de priva­ tions � Le conseiller A.rnod (1) s'occupait en attendant à fafre confectionner, pour les retranchements de la Tairaz, sur La-Thuile, des canons en bois cerclés de fer, ( 1) Philibert-1\.ll'é Arnod, premier noble de sa famille, plus tard con � seigneur de Courmayeur. Dans ces temps difficiles, il se d!stingua par son activité et son dévouement infatigables.

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=