La correspondance d'Albert Bailly Volume I Années 1643-1648 publiée sous la direction de Gianni Mombello

r,ésentation 3 .Ibert Bailly était un orateur sacré, mais la pratique de la chaire a dûfrei­ er son penchant naturel pour l'expression primesautière de la pensée. En utre, comme ses anciens maîtres l'avaient déjà remarqué, il n'aimait guère t philosophie. Son activité de prédicateur, attestée par un certain nombre de ermons publiés, a quelque peu refréné son génie. Il éclate, par contre, dans 'J correspondance écrite d'inspiration, presque sans ratures, avec unefaci­ té et un bonheur qui l'apparentent aux grands épistoliers et épistolières de 'Jn siècle. '.et écrivain se doublait d'un fin psychologue. Il savait s'insinuerdans l'esprit de �s correspondants, il connaissait l'art de tourner les compliments et de les va;er à l'infini, il savait cajoler et bouder avec grâce, s'excuser de ses fautes €elles ou prétendues afin d'obtenir qu'on lui ordonne exactement ce qu'il ésirait obtenir, c'est-à-dire, d'avoir l'oreille et le cœur de ses maîtres. Si le èreBailly n'est pas un penseur, il est en revanche un bon conteur et un conteur musant. Durant de nombreuses années et souvent presque toutes les semaines, a envoyé à sa souveraine et au premier secrétaire de celle-ci, Guillaume'rançois Carron de Saint-Thomas, le récit de sa vie et de toutes les nouvelles u'il glanait sur la vie de la capitale de la France. 'n'avait pas honte de ragoter. Il savait que son rôle était de distraire, tout en !formant ses correspondants. Il lefaisait avec entrain, comme.au temps où, on encore entré dans les ordres, il avait accompagné à Cherasco sa princes� quifuyait Turin, les suitesdelaguerre et la peste. Marie-Christine le gratifiait, e temps à autre, de quelques mots de sa main et donc illisibles à propos esquelsBailly s'extasiait et plaisantait. ailly a été certainement evoûté par Marie-Christine de France. Devenu prê·e, il resta courtisan, sans oublier pour autant les devoirs de son état. ?utefois, sa religiosité s'estompe dans ses lettres. Ces écrits sont une �ronique de la pratique religieuse du temps et font état de l'activité de auteur, prédicateurfort recherché et confesseur apprécié par de trop nom­ reuses pénitentes qui le harcelaient plus que de droit. Dans ses lettres, Bailly 'aborde que rarement les grands problèmes liés à la croyance chrétienne; our lui, d'ailleurs, MadameRoyale était une sainte et partant elle n'avait que rire de ses sermons. a première MadameRoyale le chargeait souvent demissions d'une certaine im?rtance, puisqu'ellesavait qu'il était bien introduit à la cour, qu'il pouvaitabor­ erfamilièrement le chancelierPierre Séguier, des serviteurs de confiancedu duc

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