La correspondance d'Albert Bailly Volume I Années 1643-1648 publiée sous la direction de Gianni Mombello

4 Correspondance d'A. Bailly - 1643-1648 d'Orléans, des parlementaires en vue, ou des échevins deParis. Petit à petit, notre Barnabite devint ainsi un agent parallèle de quelque poids. Ses sources étaient de tout ordre. Il était admis dans l'entourage de la malheu­ reuse reineHenriette d'Angleterre et voyaitfréquemment les grandes dames de la capitale, mais il consultait aussi des personnes de moindre envergure, bien renseignées toutefois sur ce qui se passait dans les maisons qui comptaient. Il se faisait ainsi le rapporteur de ce que pensaient et confiaient dans l'intimité les personnes haut placées. Plus tard, il fut mêlé aux démarches qui auraient da aboutir au mariage de la princesse Marguerite de Savoie avec Louis XIV et cette expérience accrut sa méfiance instinctive à l'égard deMazarin. Tout le petit et grand monde qui grouillait dans le Paris de la Fronde défile dans les lettres de notre Barnabite, qui transmettait à sa correspondante les angoisses et les espoirs des habitants de cette grande ville, dans un moment difficile de transition. Marie-Christine a vraisemblablement senti dans les lettres du père Bailly une participation plus émue que celle que luifournissaient les dépêches de ses représentants officiels. Madame Royale lui en sut gré et le garda longtemps comme confident et conseiller pour les affaires les plus délicates. Une fois passé l'orage qui l'avait opposée à ses deux beaux-frères au sujet de sa régence, Marie-Christine n'avait que deux ambitions, mais de taille: premièrement, elle désirait conserver l'intégrité de ses états et garder un pouvoir absolu le plus longtemps possible; en second lieu, elle voulait marier le mieux possible ses enfants. En ce qui concerne le premier objectif, elle l'atteignit parfaitement, parce qu'elle sut tenir tête à Richelieu et que son enfant préféré et héritier déchargeait volontiers sur elle ses devoirs de souverain; en ce qui concerne le second, elle semble avoir fait grand cas des conseils qui lui venaient de notre Barnabite, au moins toutes les fois où ils allaient dans la direction qu'elle souhaitait. Si elle les avait suivis jusqu'au bout, elle aurait eu probable­ ment en Marie-Jeanne-Baptiste de Nemours une rivale dangereuse, mais elle aurait aussi épargné à la maison de Savoie la déconvenue de Lyon. * Par ce volume débute donc une entreprise qui veut restituer aux lettresfran­ çaises du X.VII e siècle un témoignage appréciable sur l'évolution du français en tant que langue de la représentation alerte et vivante des sentiments et de la narration claire et correcte des faits.

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