La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

4 Correspondance d'A . Bailly - 1649- 1650 On a déjà mis en évidence qu'à l 'époque qui nous concerne, la cour turinoise était très bien informée sur les affaires de France7, au point que parfois on a pu relever même une surabondance d ' informations8. La tâche d ' informer minu­ tieusement la cour turinoise sur la politique française revenait en premier lieu à l'ambassadeur de Savoie à Paris. Depuis 1 645 , cette fonction était remplie par Giovanni Francesco Ponte, comte de Scamafix9, dont les longues dépêches relatent tous les événements politiques de la semaine avec beaucoup de détails. Une autre série de lettres envoyées à Turin de la capitale française est due à la plume de l ' abbé Andrea Mondino I O. Cet agent de la duchesse Christine était chargé surtout de questions financières, mais plusieurs missions politiques dé­ licates et confidentielles lui furent confiées. Toutefois, l 'attachement de Mon­ dino à Mazarin (il était l ' un de ses principaux agents financiers) rendait indis­ pensable, pour la cour savoisienne, de disposer d'autres informateurs, non di­ rectement rattachés à l ' activité diplomatique officielle, mais surtout fidèles et objectifs. Parmi ceux-ci figurait Mgr Bailly: sa tâche était donc celle d'infor­ mer la duchesse des dessous de la politique française en fournissant, pour les événements particulièrement significatifs ou ayant un rapport plus direct avec les "affaires de Piémont", le point de vue des personnages les plus importants ou les plus concernés. La correspondance de Bailly doit donc être lue, à notre avis, comme un corollaire à la correspondance diplomatique officielle, à la­ quelle d 'ailleurs il renvoie explicitement pour le détail de nouvelles rapportées sous la forme de l ' al lusion 1 1 • Le choix de la personne du père Bailly pour jouer un rôle si délicat était sans doute motivé par son "divotissimo zelo verso la real persona di S.A.R."12, ain­ si que par l 'estime et le renom dont il jouissait à Paris. En effet, Bailly dispo­ sait d'un réseau de connaissances assez vaste, qui lui permettait d'avoir accès à des informations souvent confidentielles; par exemple, au début du mois d ' avril 1 649, à la suite d'une entrevue avec le lieutenant criminel Tardieu, Bailly fut à même de fournir à la duchesse Christine un certain nombre d ' in­ formations en avant-première concernant les prétentions des généraux fron­ deurs I 3 ; toujours au mois d'avril de la même année, une lettre au marquis de Saint Thomas fait allusion à une entrevue amicale entre Bailly et le chancelier 8 Jbid .. p. 73. 9 Cf. lett. 99, n. 2. I O Cf. lett. 1 03, n. 1 5 . 1 1 Cf. par ex. l a lettre 1 1 8. 12 A.S.T., Corte, Lettere Ministri - Francia, m. 5 1 , leu. 3 1/2. 1 3 Lettre 1 1 4.