La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

98 Correspo11dance d'A. Bailly - 1649-1650 - (f03r) Qu'il vend Sedan au denier soixante, et achepte les terres qu'on luy donne en France, à sçavoir les duchés au denier quarante, et les comtés, baro­ nies, et autres seigneuries au denier v ingt-cinq. - Qu' aiant rompu à Rue! avec les ministres, et s ' en estant retourné à Paris pour en advertir le Duc le lendemain mattin, M. le Prince envoya à ce Duc un blanc signé pour l ' empescher de declamer ce jour là au Parlement, lorsqu'on feroit lecture de la declaration, tant on creignoit son esprit, et son credit. - Que M. le Prince, entretenant ce deputé sur la marche du mareschal deTurene, luy dit ces mesmes parolles: "Si on n 'eut mis ordre à dissiper l 'armée de ce Ma­ reschal, il alloit nous donner une belle botte, et adieu l 'autorité royale", ajou­ tant ces mots: "M. de Baas, vous estes du metier, vous commandés un regi­ ment; dittes moi en conscience, le Roy peut-il se passer du mareschal de Ture­ ne, car vous conoissés tous nos generaux, vous avés servi soubs eux, y en a il qui puissent se comparer en conduitte, en experience, et en toutes choses au mareschal de Turene?". Et conclut enfinb son discours par une infinité d'eloges qu ' i l donna à ce Mareschal, et au Duc son frere, d'où ce deputé, tres eclairé, in­ fera que ce Prince vouloit tirer les deux freres à son parti. Il luy dit aussi qu'il ne feroit point cette campagnes, et qu' il vouloit se reposer. Enfin, Madame, ce deputé me dit que ce Prince estoit sans pareil, et qu ' il seroit tres à creindre s ' il n 'estoit glorieux, et ennemi des taches qui souillent les rebelles. Le Parlement n ' a encore osé remettre les imposts, ni defendre absolument ces / (f04r) infames libelles qui se vendent tous-jours publiquement, et impunement9. C'est une chose etrange que de la dureté de nos bourgeois, qui sont tous-jours animés, et en colere. Ils se saisirent encore ! 'autre-jour d'un carrosse de M. le Cardinal qui fut enfin recous moienant vingt pistolles. Mais aussi il faut dire, pour la gloire de ceux qui naissent à Paris, qu'il n ' y a point de nation docile, debonairec, magnanime, 8 En effet, le commandement de l'armée dans la campagne de Flandre futdonné au comte d' Har­ court, puisque Condé refusa. 9 Le Parlement avait rendu un premier arrêt contre les imprimeurs de mazarinades et les colporteurs le 25 janvier 1649; deux autres arrêts avaient été publiés le 1 2 et le 29 mars, le premier pour défendre la publication sans permission des articles de la paix de Rueil et le deuxième pour emprisonner ceux qui imprimaient des mazarinades. La répression futparticulièrement virulente dans la première moi­ tié du mois d'avril, sans toutefois que le lieutenant civil puisse faire exécuter les condamnations. Cf. M. N. GRAND-MESN IL, op. cit., p. 235 ss.; H. CARRIER, op. cit .. t. II, p. 3 16 ss.

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