La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre 118 1 1 3 faire lire l ' article de la lettre de V.A.R. qui concerne les interests de la Reyne d'Angleterre4. Elle est aussitost allée en faire le raport à Sa Magesté, qui luy a commandé, comme elle m' a assuréa, de me dire ces mesmes parolles: "Je suis trop obligée aux bontés de ma chere, et unique sœur; dittes au Pere que je le prie de l ' assurer de bmes tres humbles servicesc, que je me porte bien, et que les meilleures nouvelles que je puisse luy donner sont que le Roy mon fils5 jouit d' une parfaite santé, et que l 'Irlande est en paix, et demande le Roy6. Le Pere sçait tout le reste, aussi bien que moi". Puisqu 'elle se repose sur moi, Madame, de la suitte des nouvelles generales, et que tout le monde sçait, j'envoie à V.A.R. la feuilled de cette semaine?, et continuerei à l ' avenir, si elle daigne me le commander. La Reyne m' a fait commander par cette dame de l ' aller voir, et qu'elle vouloit m'entretenir. Des que je serei un peu remis, je luy irei faire la reverence, et escrirei à V.A. tout ce qu 'elle m'aura fait l 'honneur de me dire. Je me repose sur M. l ' Ambassadeur du reste des nouvelles, corne du mariage de la niepce de M. le Cardinal avec M. le duc de Mercoeur8, de l ' indisposition son mari, elle entra en religion dans l'ordre des Dominicaines, au monastère de la Croix à Paris, où l'une de ses filles avait pris l'habit. cf. G. DEPPING, Le chevalier deJars et son histoire, sonprocès (1633), Paris, 1 88 1 , p. 1 1 ; L'Année dominicaine, ou les vies des saints, des hienheureux, des martyrs ( .. .) de l'ordre desfreres précheurs ( ...), par le pere Thomas Souveges, Amiens, G. Lebel, 1 686, pp. 702-707. 4 A ce propos, cf. lett. 1 22, note 20 et 1 25, note 8. 5 Charles Il Stuart ( 1630- 1 685), fils aîné du feu roi d'Angleterre, Charles 1 et d'Henriette de France; après l'assassinat de son père en tëvrier 1 649, il fut proclamé roi à Edinbourg. Il ne fut restauré qu'en 1 660. J. R. JONES, Charles JI: Royal Politician, London-Boston-Sydney, Allen and Unwin, 1 987. 6 Un traité fut signé par le marquis d'Om1onde, qui avait quitté la France en août 1 648 pour sou­ tenir le parti royaliste irlandais et prôner la pacification; ce traité, qui pacifiait les royalistes et les rebelles d'Irlande, avait été stipulé le 17 janvier mais la nouvelle en fut donnée au roi seulement à la fin du mois d'avril. 7 Cette feuille ne nous est pas parvenue. 8 Le mariage du duc de Mercoeur avec Laura Mancini avait été projeté par Mazarin comme un moyen pour s'allier avec la maison de Vendôme et contrebalancer par ce moyen la toute-puis­ sance de Condé. En effet, après la paix de Saint-Germain, celui-ci s'était réconcilié avec les princes frondeurs et essayait de supplanter le Cardinal dans le ministère. Puisque le dot de la "Mazarinette" comprenait l'amirauté de France, ainsi que le premier gouvernement de pro­ vince qui se rendrait vacant et deux cent mille écus comptant, le duc de Mercoeur accepta la proposition de Mazarin, mais le mariage n 'eut lieu qu'en 1 65 1 . Pour la place que ce mariage a dans la correspondance de Bailly, cf. G. MüMBELLO, Une lettre inédite de Vaugelas ( ... ). cit., pp. 59-63.