La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre 1 20 Lettre 120 A.S.T., Corte, Lettere Ministri - Francia, m. 54, fasc. 1, lett. 22/5 Destinataire: Lieu et date: Support: Autres mentions: Madame Madame Royale Paris, 9 mai 1 649 2 bifeuillets + 1 feuillet encartés ( 1 v, 2v, 3v, 4v blancs) :F5v: Pere Bailly, 9 may 1 649 1 1 9 La diligence que mon rume fait de m 'empescher de sortir, et de voir Je monde, m'a aussi empesché d'aprendre des nouvelles et d'en escrire à V.A.R .. Neant­ moins un petit / (:F2r) effort que j 'ay fait pour vous satisfaire, m' a mis en main cette gazette. Il y a eu ici peril eminent de nouvelle rumeur. C'est que M. le duc de Beaufort, l ' idole, et les delices de ce peuple1 jouant à la paume, fut prié par M. le mareschal de LaMotte de luy donner audiance. Ce ducjette sa requeste, et tout en sueurentre dans la galerie et fut entretenu par le Mareschal si long temps, que sa chemise tou­ te mouillée venant à se seicher sur luy, il fût attaqué d'une colique graveleuse, avec des convulsions si violentes que, croyant et creignant d'estre empoisoné, il se fit donner du contrepoison, qui augmenta de beaucoup son mal. Cette nouvel­ le fut aussitost sceue du peuple, qui accourut en foule à l 'hostel de Vandosme criant, et menaçant touts ceux qu'il soupçonoit avoir donné, ou ordonné, ce pre- 1 L'affection du peuple de Paris pour le duc de Beaufort est témoignée par les Mazarinades, ain­ si que par presque tous les mémoires du temps; J. VALLIER (op. cit., t. 1, p. 200), par exemple, re­ marque ! "'affection immoderée que toute la bourgeoisie avait pour ce jeune prince", tandis que Guy PATIN (op. cit., p. 43) écrivait le 14 mai 1 649 à Spon: "On ne parle ici que de M. le duc de Beaufort, pour qui les Parisiens et particulièrement toutes les femmes ont une dévotion tres par­ ticuliere ( ... )"; en effet, Beaufort était l'idole des harangères des Halles, ce qui lui valut le so­ briquet de Roi des Halles. A cette époque-là, il ne s'était pas encore réconcilié avec la cour.