La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 20 Correspondance d'A. Bailly - 1 649-1650 tendu poison, mais M. le duc de Vândome detrompa ces seditieux, et alla aussi­ tost donner advis de cet accident à M. le Chancelier, qui estoit le plus menacé, et l 'assurer de son service et de celuy du Duc son fils, qui est presque gueri. M. le Chancelier me fit l 'honneur de me compter cette belle histoire hier aprés son disner2. Il me dit aussi que le mariage proposé entre M. le duc de Mercur3, et la niepce de M. le Cardinal4 n'estoit pas tout à fait rompu, et qu'on en avoit remis la conclusion entiere au retour de M. le duc d'Orleans. V.A.R. verra par les feuilles ci attachées ce qui se passe en Angleterre5. M. le duc d'Epemon6 a licentié ses troupes en Guiene, moienant quatre otagesa que le Parlement de Bordeaux a donnés, à sçavoir un President et 4. conseillers 2 Cette anecdote a été racontée aussi par G. PATIN (op. cit., p. 44), dont le récit diffère pour quelques détails et pour le ton généralement plus hostile à Mazarin: "Ce Prince âgé de 32. ans s'estant echaufé, a bu du vin et de la biere, et a souffert une grande douleur de reins, durant la­ quelle il a plusieurs fois vomi. Dès que cela a été sçeu, on a publié qu'il a été empoisonné par ordre de Mazarin. Sa maison fut aussi-tôt remplie d'une infinité d'hommes et de femmes. Mê­ me Mr de Vendôme son Pere qui est ici present, a crû qu' il y avoit du poison: et sur ce que les medecins assûrent qu'il n'y en avoit point, il les avertit qu' ils devoient prendre garde de plus près, que ce poison est italien, et que les Italiens étaient plus empoisonneurs que les Français: mais enfin il est guéri, et les Italiens sont justifiez de ce dont on les soupçonnoit." Cf. aussi M. MOLÉ, op. cit., t. IV, pp. 4 1 -42, qui ajoute que le 9 avril, le duc de Beaufort était déjà rétabli. L'éditeur des Mémoires de Molé ajoute aussi dans une note le témoignage de Séguier au sujet de ce prétendu empoisonnement. La nouvelle a été rapportée aussi par le gazetier anonyme du ms. f. fr. 25025. 3 Le duc de Mercoeur, cf. lett. 1 05, note 3. 4 Laura Mancini. Sur ce mariage, cf. lett. 1 18, note 8. En effet, le ms. f. fr. 25025 (f029r, 9 mai 1 649) fait remarquer que la nouvelle de la rupture du mariage entre le duc de Mercoeur et la niè­ ce de Mazarin cachait seulement la volonté de différer l 'accord entre le Cardinal et la maison de Vendôme jusqu'à l 'arrivée à Compiègne du duc d'Orléans. 5 Malgré l'accord signé par Ormonde (cf. lett. 1 1 8, note 6), la situation de l 'Irlande était critique pendant l 'été 1 649. Après l 'exécution du roi Charles 1 en février, Charles II avait été pressé de revenir dans cette île par le parti royaliste, qui attaqua Dublin et Drogheda, tandis qu'au mois de juillet l 'armée du roi assiégea la capitale; toutefois, ils furent défaits à Rhotamines et, avec l 'ar­ rivée de Cromwell en Irlande le 1 5 août, tout rêve de reconquérir le pays s'évanouit. En même temps, les Ecossais avaient proclamé Charles Il roi d'Angleterre, Irlande et Ecosse et avaient envoyé des représentants auprès du roi, aux Pays-Bas, pour lui demander de reconnaître le pres­ bytérianisme et les covenanters; le refus de Charles Il, qui espérait dans les succès de l'armée de Montrose contre ces derniers, se révéla une faute, puisque les royalistes furent défaits et Mon­ trose exécuté en l ' automne 1 649. 6 Bernard de Nogaret de La Valette, duc d'Epernon ( 1592-1 66 1 ). En 1 634, il avait démissionné de sa charge de gouverneur de Metz, pour avoir la survivance du gouvernement de Guyenne. En

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