La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Introduction 7 ) 'accommodement des généraux frondeurs, commencée le 1 6 mars, retient par­ ticulièrement! 'attention de notre épistolier (lettres 1 06 à 1 1 1 ). Il informe syn­ thétiquement la cour turinoise des séances du Parlement25 et met l ' accent sur les chances d'obtenir la paix, en rapportant l 'opinion de quelques magistrats et de quelques membres de la cour. Les lettres du mois de mars, signées par pru­ dence d'un sigle ou d ' un paraphe, devaient contenir également des feuilles à part ou des mazarinades; celles-ci étaient vraisemblablement censées fournir le pouls de la situation quant aux réactions de l 'opinion publique parisienne, mais elles étaient aussi un objet d'intérêt littéraire pour le marquis de Saint-Thomas, dont Je goût pour les lettres était bien connu26; malheureusement, elles ne nous sont pas parvenues. Après l 'enregistrement de la paix au Parlement ( l er avril), relaté avec satisfac­ tion par Bailly, qui ne cache pas sa condamnation pour la Fronde, la corres­ pondance témoigne d ' un climat plus calme dans la capitale; à côté des dé­ marches des généraux frondeurs pour se réconcilier avec la cour mais obtenir en même temps les privilèges promis par le traité de paix27, c ' est la nouvelle des démissions du surintendant des finances La Meilleraye et celle du mariage de Laura Mancini, nièce de Mazarin, avec le duc de Mercoeurs qui occupe une place importante dans la correspondance du mois d'avriJ28. La surintendance ne sera attribuée qu'au mois de novembre à Particelli d'Emery, créature du Cardinal, mais pendant tout le printemps et l ' été 1 649 des suppositions furent formulées à ce sujet; pour le duché de Savoie, dont la politique dépendait stric­ tement de celle de la France (c 'était l ' armée française qui avait permis à la duchesse d'obtenir le pouvoir lors de la guerre civile avec les princes Thomas et Maurice), la question était d'une importance capitale et l 'on comprend la place qu'elle tient dans la correspondance de Bailly. Il en va de même pour le mariage de la 'Mazarinette' , derrière lequel se cachait une lutte pour Je pouvoir entre les maisons de Vendôme et de Bourbon. 25 Lettres 1 07, 108; il dit explicitement que pour le détail des nouvelles, il se rapporte à la rela­ tion de l 'ambassadeur de Savoie à Paris, Ponte di Scarnafigi (lett. 1 07). 26 Le marquis de Saint-Thomas se faisait envoyer régulièrement de Paris des ouvrages littérai­ res; entre autres, il reçut le manuscrit de la version française du Quinte-Curce de Vaugelas. Sur le sujet des allusions aux mazarinades contenues dans la correspondance de Bailly pour l ' année 1 649, nous nous permettons de renvoyer à notre article "Des libelles infames et dignes de puni­ tion exemplaire". A propos de quelques lettres d'Albert Bailly ( 1 649), dans Studi di storia della civiltà letterariafrancese. Mélanges offerts à Lionel/a Sozzi, Paris, Champion, 1 996, 2 vols, t. I, pp. 36 1 -8 1 . 27 Lettres l l2 , 1 14, l l6, 1 24. 28 Lettres 1 1 2, 1 1 6.

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