La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 32 Corr!'spo11d1.11we c/'A. Bailly - 1 649-1650 dour7, et de plusieurs autres grandes dames) au grand couvent des Cam1elites8, qui est le triage des filles de condition de France, et depui s peu de mois, Made­ moiselle d'Epemon9 y a pris l 'habit. Je ne sçai donc comment, sainte Therese prit envie d'al ler v isiter ses fil les, en un mot je ne sceus l ' a1Tester, vous sçavés, Ma­ dame, les saints ont des veues irnpenetrables à l 'esprit des hommes. Tant y a qu'elle pait, de dessus l ' autel, où je ! 'ai mise, pour ne pas oser dire de dessus mon cœur, et entre dans ce magnifique, et superbe couvent, toute recueillie en son Dieu, et disant le chappellet qu'elle a aportée [sic] de Thurin, et qu 'elle tenoit dans ses mains. D' abord, on l uy ouvre les portes, et toute la communauté l a re­ ceut, les genoux en terre, et le voile osté, et l evé, pour voir, et pour adorer leur sainte Mere. La sœur Agnes 10, fi lle de feu M. le rnareschal de Saint Geran, sou­ prieure, excel l ente fille, et fort aimée de la Reyne d 'Angleterre, me connoissant un peu, et sçachant que je conduisois la sainte, s ' avança, et l uy offrant la premie­ re ses services, et la main, eut le bonheur de la conduire droit à la [chambre] (par precipitation, j ' ay manqué la feu i l le, ainsi V.A. prendra, s ' i l l uy plaist, l a peine de voir l a page marquée: .4.b) / 7 Marguerite de Montmorency, duchesse de Ventadour (vers 1 572- 1 660); en 1 593 elle avait épousé Anne de Lewis, duc de Ventadour. ibid., t. XIV, col. 383. 8 Cf. lett. 1 2 1 . n. 9. 9 Anne-Louise Christine de Nogaret de La Valette d'Epemon ( 1 624- 1 70 1 ), fille du duc d'Eper­ non. Pendant l'été 1 648. lors d ·un voyage, elle entra dans le couvent des Carmélites de Bruges, sans en prévenir personne et contre le vouloir de sa famille. Quelques mois plus tard, elle re­ vint à Paris. au couvent des Carmélites de la rue Saint-Jacques et un an après. elle y prit l'habit, en changeant son nom en celui d' Anne-Marie de Jésus. Les Archives de l "Etat de Turin conser­ vent une lettre de M.R. à la supérieure du couvent des Grandes Carmélites, dans laquelle la du­ chesse de Savoie se félicite de la décision de Mlle d'Epemon (A.S.T.. Corte, Lertere Ministri - Francia, m. 54, fasc. 3, p. 354). Sur l 'entrée en religion de Mlle d' Epernon, cf. Mlle de MONT­ PENSIER, op. cil., pp. 33b-34a. 47b-48a. 10 Jean-François de La Guiche, sieur de Saint-Géran, maréchal de France (P. ANSELME, op. cil . . t. Il, p. 44 1 : Dictionnaire de la noblesse. cit . . t. X, pp. 77-78 : MOR É R I , op. cil, t. V, p. 440). De son premier mariage avec Anne de Tournon, il avait eu un enfant et cinq filles, tandis que de son deuxième mariage il avait eu deux filles. Toutefois, la religieuse dont il est question ici n 'est pas l'une des filles de M. de Saint-Géran, mais une nièce de la maréchale de Saint-Géran; la mère Agnès de Jésus-Maria s'appelait Judith de Bellefonds et était née à Caen. en 1 6 1 1 de Bernard Gi­ gault, marquis de Bellefonds et Jeanne aux Epaules, dame de llsle-Marie. Bien que la marécha­ le de Saint-Géran ait essayé de l'introduire à la cour, le 20 janvier 1 629 elle entra au couvent des Carmélites du Faubourg Saint-Jacques. Elle fut élue sous-prieure en 1 64 1 ; que . lques mois après la date de cette lettre, au mois d'octobre 1649, elle fut élue prieure à la place de la mère Made­ leine de Jésus et elle dirigea son couvent pendant presque vingt-deux ans. Elle mourut en 1 69 1 . J. B. ER I AU, L'ancien Carmel du Fauhourg Saint-Jacques, 1604-1 792, Paris, Gigord-Picard, 1 929, pp. 3 1 7-23.

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