La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Lettre 122 1 35 _ Qu'elle estait plus obligée à V.A.R. qu'à tout le reste des creatures, qu'elle ne pouvait seulement penser à l 'aumosne que vous luy avés faite20, (car c'est ainsi, Madame, qu'une Reyne, et de plus vostre sœur, parle des biens qu 'on luy fait) sans transport, et sans confusion; que vous estiés son unique bonne sœur, et que . . . . . . . . . . . . (V.A. retournera s 'il luy plaist en arriere à la page . 6 . ) / (f05v) vous l 'aviés tous-jours esté; que par un excés de bonté vous l ' invitiés d'aller à Thurin, qu'en un mot, elle ne sçavoit comment expliquer ses ressentiments, et qu'elle me prioit dee satisfaire pour elle. En suitte elle ajouta que le Roy son fi!s21 avait deliberé de se mettre entre les mains des Irlandais, et qu'elle croioit qu ' il passerait ici dans quinze jours pour continuer son voiage22, et qu'ainsi M. le comteAugustin23 pourrait epargner la peine de l 'al ler complimenter en Holande. Elle retourna, ou r ' entra dans le discours du feu Roy, et me jura qu'elle ne luy avoit jamais veu faire une action non pas criminelle, mais mal seante, qu ' il sça voit les noms de tous les prestres de Londres, et les aimait, que mesme il s ' en servait secretement. Qu'il luy avait dit mille fois, devant la convocation du Parlement, que l e Pape estait le vrai, et unique chef de l ' Eglise, qu'il voudrait avoir donné un bras, et qu ' i l fut reconu pour tel dans l 'Angleterre comme il le reconnoissoit dans son cœur. Et qu'il n ' avoit tenu qu 'au Pape, d ' avoir cette sa tisfaction, puisqu ' i l luy avoit fait offrir de retablir son autorité dans ses royaumes, moienant qu' il renonça aux pretensions qu'il avait sur la courone, en vertu d'une donation d ' un Roy d'Angleterre un peu trop devot24, et qu ' i l se contenta d'avoir en Angleterre les mesmes advantages qu ' il avait en France, mais qu' i l avait tousjours constamment refusé ces conditions. 20 Cette nouvelle est confirmée par un document conservé aux Archives de ) 'Etat de Turin (A.S.T., Camerale, Patenti Controllo Finanze - 1649, F95r) qui signale, à la date du 25 avril 1 649, une dé pense de deux mille cinq cent doubles, dont nous transcrivons le justificatif: "sono le 2500. dop pie italiane effettive rimesse inpropriemani di V.A.R., e da lei rimesse al conte Agostino delle Lan ze, cioè doppie 2/m per portar alla Regina d'lnghilterra à Pariggi, e doppie 500 per le spese di suo viaggio." Cet argent fut remis au comte delle Lanze par lettres de change signées par le banquier turinois Dai Pozzo (ibid., f"96r). Agostino delle Lanze partit de Turin pour Paris le 2 mai. (Soci ni, op. cit., livr. du 5 mai 1 649). Pour la suite de cette affaire, cf. lett. 1 25, n. 8. 21 Charles II Stuart. 22 Charles II n'arriva à Compiègne que le 1 2 juillet et deux jours après, il se rendit à Saint-Ger main voir sa mère, la reine d'Angleterre (cf. lett. 142 et n. 3). 23 Agostino delle Lanze, cf. note 1 4. 24 Bailly fait peut-être allusion à la soumission de Jean Sans Terre ( 1 1 99- 1 2 1 6), qui reconnut le Pape comme souverain de l'Angleterre en se considérant vassal de Rome.
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=