La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Lelfn' 122 1 37 Leur colere, et leur aversion sont tous-jours en mesme estat, ou plustost elles croissent et s' augmentent par les etranges brutalités, et cruautés que commettent dans la Champagne, et dans la Picardie les Allemands commandés par Herlac28. Ce Parlement donna hier un arrest, qui commande aux prevosts des mares chaux29 d ' informer contre ces demons, qui v iolent, pendent les gens de condi tion, massacrent les prestres, et les religieuses; et aux villes, et villages de son ner le tocsin, et de leur courre sus3ü. / (f07r) Toutes les Chambres devoient s' assembler aujourd' huy3 1 , ce qui auroit de nouveau irrité la Reyne, et les ministres, et qui ne sont point coupables des meschancetés de ces soldats qu'ils ne peuvent ni paier, ni mal traiter. M. le Chancelier a tellement gagné les cœurs des Parisiens par la confiance qu' il a temoigné avoir à leur bon naturel, par son retour, et les traitant mesme chez luy en foule, qu' ils ne parlent maintenant que de luy, et que pour luy. Et sa bonté a si bien, et si utilement operé pour le service du Roy, qu' à sa priere tout le monde s ' est mis à paier les entrées, et les autres imposts, sans contreinte, et sans arrests32. 2 8 Les ravages des troupes mercenaires allemandes de l'armée du général Erlach, pendant Je printemps 1 649 et particulièrement au début du mois de mai sont témoignées, entre autres, par plusieurs mazarinades (cf. H. CARRIER, op. cit. , t. l, p. 228). Sur ce sujet, cf. aussi le témoignage du ms. f. fr. 25025, ff. 3 1 -32 et MONTGLAT, op. cit. , p. 2 1 3; G . J OL Y , o p. cit. , p. 23; Mme de MOT TEVILLE, op. cit. t. Il, p. 425; J. VALLIER, op. cit. , t. 1, pp. 340-4 1 . 29 Les prévôts des maréchaux étaient des juges militaires chargés de juger privativement e t sans appel les crimes et les délits des vagabonds, des gens de guerre, des déserteurs, des mendiants etc.; ils jugeaient aussi les vols avec effraction, les séditions, les émeutes populaires et les crimes de fausse monnaie. Ils n'avaient aucune juridiction sur les ecclésiastiques, les gentilhommes, les secrétaires du roi et les officiers de judicature. Chaque prévôt commandait une compagnie de maréchaussée, c'est-à-dire une troupe chargée du maintien de J"ordre et de la police. Cf. M. MA RION, op. cit., pp. 453-54. 3 0 L'arrêt fut rendu Je 14 mai à la Tournelle et portait originairement la mention "courre sus aux gens de guerre"; par la suite, la Grande Chambre fit adoucir Je texte de l ' arrêt, en transformant cette phrase en "informer <lesdits exces"; ms. f. fr. 25025, f032v. 3 1 L'assemblée des Chambres du Parlement n'était pas formellement interdite. mais selon l'un des articles de la paix de Rueil. Je Parlement avait accepté spontanément de ne pas se réunir jus qu'à la fin de J' année. 3 2 Le paiement des impôts avait cessé pendant toute la période du blocus de Paris; le 1 5 avril. J. Vallier écrivait dans son Journal (op. cit .. t. 1, p. 333) que J"on commençait à remettre les droits d'entrée aux portes de la ville, mais pendant tout Je printemps 1 649 les recettes furent per çues de façon très irrégulière.
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