La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre 1 24 1 43 tenté de donner dans ma prodigalité ce pretieux gage de vostre bonté, Madame, j'ay fait mettre dans la permission que je ne poun-ei jamais donner ce chapelet, et ainsi cette deffence me sauve. Je l'ay envoiée à M. de Saint Thomas, à fin­ qu'il la face voir à V.A. , et qu'elle ajoute au reste de ses royales qualités une tres nouvelle, qui est celle de magnifique, que ce bon Pere, et qui n'a jamais esté se­ cretaire, luy donne. Mais je suis ou indiscret, ou trop attaché à ces choses. V.A.R. attend des nou­ velles, et en voici. Il y a ici force duels. Monsieur le marquis de La Boulaie7, gendre de M. le duc de Bouillon, et l'un des frondeurs de Paris, s'est battu contre le marquis de Gerzé8; ils avoient chacun quatre seconds. Le marquis de Gersé, et son premier second ont été desarmés. Le sujet de leur querelle fût que le marquis de La Boulaie, aprés la publication de la paix, donna six cent cavaliers au marquis de Gersé, qu'il pro­ mit d'emploier, ce qu'il n'a pas fait, et bien loin de cela, il les desarma,b leur osta leur [sic] chevaux, et puis les congedia. Le beau marquis de Varde9, nepveu de Madame la mareschale de Guebriant1 0, s'est aussi battu dans le Bois de Bologne contre un autre marquis dont j'ay ou­ blié le nom, et luy a donné un grand coup d'epée. / 7 Maximilien Eschalart, marquis de La Boulaye, cf. lett. 1 06, n. 3 . 8 René d u Plessis de La Roche-Pechemer, marquis de Jarzé (mort en 1723). Le détail de c e duel est raconté par M o N TG L A T , op. cit., p. 2 1 7: " Pendant le siège de Paris [Jarzé] commandait un corps pour suivre le marquis de La Boulaye dans le Maine, où il vendait tout le sel des greniers. Mais quand il fut arrivé en ce pays, il reçut la nouvelle du traité de Rueil, qui obligea La Boulaye de mettre les armes bas, et d'obéir au Roi; Jarzé étant demeuré seul le maître, imposa telle loi qu'il voulut. Quand il fut de retour à la cour, il prôna ses belles actions, et se vanta d'avoir contraint La Boulaye de désarmer, par­ lant de lui avec dérision: quand La Boulaye le sut, il dit qu'il n'auroit jamais craint Jarzé, et l'auroit peut-être desarmé lui-même sans les ordres qu'il reçut du Parlement; et pour faire cesser son babil, il le fit appeler, et se battit contre lui dans la forêt de Compiègne, et lui ôta son épée." 9 François-René du Bec-Crespin, marquis de Vardes (mort en 1 688), capitaine aux ordres du Roi etcapitaine des gardes suisses, nommé maréchal de camp en 1 649. Lors des troubles de la Fron­ de, il fut fidèle au parti de la cour; le duel auquel Bailly va faire allusion avait eu lieu entre le marquis de Vardes et Henri de Daillon, comte de Lude. A cette occasion, tous les deux avaient été blessés; cf. TALLEMANT, op. cit. , t. II, p. 382. Dictionnaire de la noh/esse. cit., t. II, p. 782; MORÉR I , op. cit .. t. II, p. 288. 10 Renée du Bec-Crespin, comtesse de Guébriant (morte en 1 659), épousa Jean-Baptiste Budes comte de Guébriant. maréchal de France; en 1 645, elle avait été ambassadrice extraordinaire en Pologne, pour accompagner la princesse Palatine Marie-Louise de Gonzague, mariée par procu­ ration avec le rois Ladislas IV. Ensuite, elle avait été nommée dame d'honneur de la reine Anne d'Autriche. MORÉRI, op. cit. , t. Il, p. 288.

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