La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Introduction 9 toutes les démarches de la princesse42. Toujours à propos de la politique du du­ ché de Savoie, Bailly rend compte aussi de sa rencontre avec le résident en Fran­ ce du duc de Mantoue, pour la question de l 'application du traité de Cherasco re­ lativement au Montferrat43. Enfin, dans un groupe assez important de lettres, il est question de la guerre civile anglaise et du sort de la reine Henriette, femme de Charles 1 et de son fils, Charles Il; en effet, la parenté entre la duchesse Christine et la reine d'Angleterre justifiait l 'intérêt de la cour turinoise pour les questions d'Outre-Manche et puisque Bailly jouissait d' une considération particulière au­ près de la reine Henriette (il prêcha plusieurs fois en sa présence et lui rendit souvent visite soit à Paris, soit à Saint-Germain), sa correspondance est riche en détails à propos de celle-ci et de son entourage français. Bailly fut aussi té­ moin de l' arrivée à Saint-Germain du roi anglais Charles Il, au mois de juin, et il put fournir une relation détaillée à ce sujet. Finalement, la correspondance de l 'été 1 649 laisse entrevoir l 'activité intense de Bailly comme prédicateur (il prêcha même devant la reine Anne d' Au­ triche44) et quelques moments de sa vie privée (ses déplacements, son état de santé). La tension croissante entre les princes (Condé, Conti et Longueville) et la cour pendant l'automne occupe une place centrale dans les lettres expédiées entre la mi-septembre et le départ de Bailly pour la Savoie, au début de novembre. Ses jugements sont sévères à l 'égard de l ' attitude du prince de Condé (lett. 1 57 et ss.), qui appuyait les parlementaires essayant de provoquer une réunion forcée des Chambres au sujet du Parlement de Bordeaux45 et qui soutenait les déten­ teurs de rentes sur l 'Hôtel de Ville dans leur agitation46. D 'ailleurs, c 'est dans une lettre à la duchesse datant du 8 octobre que Bailly expose explicitement ses conceptions en matière de politique, en insistant sur l 'obéissance que les sujets doivent à leur souverain, sur la centralité inviolable de l 'autorité royale et sur le rôle des intérêts particuliers des puissants dans toute révolte contre le pou­ voir royal47. Au fil des semaines, entre octobre et novembre, le rapprochement entre la cour et le parti frondeur devient de plus en plus évident. La "confusion" (lett.165) que Bailly percevait dans l ' alternance des alliances et des charges au mois 4 2 Lettres 1 28-1 30, 1 4 1 - 1 42, 1 45. 43 Cf. lett. 1 35, note 12. 44 Lettre 1 59. 45 Jbid. 46 Lettres 1 58, 1 6 1 , 1 63. 47 Lettre 1 59.

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