La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Lettre 126 1 53 plaire à mes amis , qui pensent que la chaire est mon tombeau, neantmoins j 'ay accepté celle-ci avec joye, pour satisfaire à ma passion, disons pour la souler de voir, et d 'entretenir pour le moins / (f0 l v) un mois tout entier la divine Maistresse, et l ' illustre Serviteur4. J'espere donc partir, Dieu aidant, vers la fin de l ' automne ou du mois de janvier au plus tard, car le Parlement me dispense des sermons de l 'Advent5 . On m'escrit aussi que Madame la senatrice Thomassin6 dit hautement qu'elle veut aller à Aix voir M. le Senateur son mari7, qui y doit prendre les bains, des qu'il sera de retour de Piemont, où il est maintenant. Les politiques inferent de là qu'elle n'a pas contentement à Chamberi, surtout qu 'elle se pleint, mesme avec exageration, de l ' inexecution, pour parler comme elle, des promesses que le beau frere que vous avés pensé avoirs, luy avoit faites. Elle n 'est pas seule. 4 En effet, à la fin du mois d'avril 1 650 Bailly se rendit au Piémont et y resta, à l 'exception d'un séjour à Milan pour le chapitre général de son ordre, au moins jusqu'à la fin de l'été 1 650. 5 En réalité, Bailly arriva à Chambéry le 24 novembre et y prêcha l'Avent de 1649, ainsi que le Carême de 1 650. 6 Bien qu'il existe une véritable sénatrice Thomassin, on a supposé qu'il s'agit d'un pseudony me pour indiquer la princesse de Carignan. A ce sujet, cf. le premier volume de cette correspon dance (L. G r A C H I N O , 1 643-1648 ( .. .). cit., lettre 50, note 5). 7 Le sénateur Thomassin serait le prince Thomas de Savoie-Carignan ( 1596- 1 656), beau-frè re de la duchesse Christine (pour la bibliographie sur ce personnage, due essentiellement à Ro molo Quazza, cf. G. MOMBELLO. Vaugelas précepteur ( . ..), cit., p. 323, n. 49); il se trouvait en Piémont déjà au début de l ' année (cf. Socini, op. cit., livraisons du 3 et 1 3 février, 8 mai); la livraison du 7 juillet annonce le départ du prince Thomas pour Aix-les-Bains ("i Bagni di Sa voia"); une lettre de l'ambassadeur Ponte (A.S.T., Corte, Lettere Ministri - Francia, m. 53, fasc. 1, lett. 52/2 du 1 4 mai 1 649, f 0 2r) confirme cette nouvelle: "La Signora Principessa di Carignano continua di publicar alla corte (ove si trova) che il Sr principe Tomaso non vuol più servire, si mostra disgustata del Sr Cardinale, si duole che non si fà cosa alcuna in suo van taggio, e de SSri principi suoi figlioli, tuttavia il Sr Cardinale non dispera d'indurlo ancora al comando di questa Campagna ( in Piemonte) ( ... ). La detta Principessa fà i presenti suai dis gusti, parla assai di passarsene in Borgogna, e forse in Piemonte, e del Sr principe Tomaso si dice che se ne venga à bagni d'Aix in Savoia." La Gazette de Renaudot, p. 525 (livraison du 10 juillet) nous informe que le prince Thomas prit congé de la cour turinoise au début du mois de juillet, pour aller "aux bains, tesmoignant ne voulant point servir cette année"; il rentra à Turin le le 23 septembre (ibid., p. 9 10). Donc, dans cette lettre de Bailly, on pourrait proposer les équivalences suivantes: Chambéry = Compiègne; Sénatrice = Princesse de Carignan; Sé nateur = Prince Thomas. En effet, après que le prince Thomas avait été privé par la duchesse de Savoie de son gouvernement d'lvrée, la France avait formellement soutenu les droits de ce prince, qui servait alors le roi Louis XIV. En réalité, le désintérêt de Mazarin pour les vicissi tudes de Thomas de Carignan avait provoqué les réactions de la princesse sa femme, dont le caractère hargneux était bien connu des contemporains. 8 Sur l'identification possible du beau-frère avec la personne du cardinal Mazarin, cf. !en. 1 17, n. 1 .
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