La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

10 Correspondance d'A. Bailly - 1649-1650 d'octobre cède la place à la perception nette d'un isolement croissant des Princes par rapport au reste de la noblesse48. C'était le prélude à leur arresta­ tion, survenue le 1 8 janvier 1 650. La correspondance de Bailly ne suit pas les événements de la politique française en 1 650, à l 'exception du dernier mois de l'année; à son retour dans la capitale, et malgré sa disgrâce supposée auprès de la cour savoisienne, domAlbert reprit le rythme régulier de ses lettres; mais elles ne s'adressent plus qu'à la duchesse. Elles sont aussi généralement plus longues et plus détaillées, peut-être pour contribuer à combler la carence d ' informations causée par la mort de l ' abbé Mondino (mars 1 650) et le départ de l 'ambassadeur Ponte di Scarnafigi (octobre 1 650). Ainsi, les lettres 207 à 2 1 3 permettent de suivre l 'aboutissement de la coa­ lition entre la vieille et la nouvelle Fronde et le déclin du cardinal Mazarin, mal­ gré le succès militaire remp01té à Rethel. Ces lettres concernent aussi la politique matrimoniale de la duchesse de Savoie; en effet, on a déjà souligné le rôle de Bailly "courtier en mariages"49 et à l'époque qui nous concerne, les réactions à l ' alliance entreAdélaïde de Savoie et Ferdinand de Bavière (décembre 1 650) oc­ cupent une place importante dans la correspondance de notre prélat. 2. Un style original On adéjà souli gné à plusieurs reprises le talent d'écrivain dont Mgr Bailly était doué: "versificateur impénitent"50, orateur de grande renommée, dans sa cor­ respondance il fait preuve d'un style élégant et harmonieux, qui se confo1me à l'idéal classique de naturel et de simplicité tout en gardant une verve que l ' on pourrait qualifier de mondaine. Ses lettres sont donc à la fois un modèle de cor­ respondance diplomatique et un excellent exemple de littérature de cour. Pour ce qui est des formules invariables de la lettre, Bailly respecte constam­ ment les contraintes sociales qui sous-tendent à l ' art épistolaire; il se conforme 48 Cf. lett. 1 67: "Madame de Chevreuse, horriblement choquée, et irritée contre M. le Prince pour s'être opiniatré à detaboriser Mademoiselle de Montbason, s'est etroitement unie à M. le duc d'Orléans ( ...). C 'est un coup mortel à M. le Prince, qui a interest à empescher cet accord pour les pretensions qu'il a (...). " 49 L. ÜIACHINO, Lettres inédites (. . .), cit, pp. 1 9-24. 5 0 L'expression est de G. MOMBELLO, Lajeunesse d'Antoine-Philibert (Albert) Bailly) (...). cit., p. 42; pour son activité poétique, cf. M. CO S T A , La compagnie des Muses pour alléger les charges d'un évêché: quelques poèmes de Mgr Albert Bailly, dans Histoire et culture en Vallée d'Aoste. Mélanges offerts à Lin Co/liard, Aoste, Musumeci, 1 993, pp. 1 25-34.

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