La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 54 Correspondance d'A. Bail/_\' - 1649- 1650 On luy a fait une piece étrange, que Monsieur Vallis Glaciata9, m'entretenant il y a trois jours dans ma chambre, appella coup asseuré, et qui ne pouvoit du moins que de porter. C'est qu ' on luy a fait dire que ce beau frere pretendu avoit deliberé de luy demander son second fil s l O pour l ' une de ses niepces t t , pour l 'obliger de dire quelque chose de mal à propos sur cette proposition, et d 'of­ fencer le beau frere mortellement. On croit que ce bon office vient de la mai­ son de sa niepce 1 2 , extremement irritée contre elle. / (f02r) Dieu la console, et ceux qui l ' environent. Messieurs les Maistres des Requetes l 3 ont donné deux arrests celebres, par commission de M. le Chancelier. Le premier contre un archidiacre de Toul 14, 9 Il s'agit du grammairien Claude Favre de Vaugelas ( 1 585- 1 650), académicien, auteur des Re­ marques sur la langue.française, qui au début de 1 647 était devenu précepteur des enfants de la p1incesse de Carignan. I O Si notre hypothèse est correcte, il s'agirait du second fils de la princesse de Carignan, c'est-à­ dire Joseph-Emmanuel, né en 1 63 l . 1 1 Il s'agirait de l'une des nièces du Cardinal. 1 2 Marie d'Orléans, mademoiselle de Longueville ( 1 625- 1 707), fille de Henri Il d'Orléans, duc de Longueville et de sa première femme, Louise de Bourbon-Soisson, qui était la sœur de la prin­ cesse de Carignan. A propos de la tension entre la princesse de Carignan et sa nièce, le 1 6juillet, Augustin des Lances écrivait à M.R., en relatant un affront prétendu fait à la princesse de Cari­ gnan (A.S.T., Corte, Lettere Ministri - Francia, m. 55, fasc. 6, lett. 9/4): "Mademoisele de Lon­ gaville gli hà rimesso il suo appartamento, e s'è ritirata nel altro, ch 'è stata a visitare mentre io mi trovavo da essa." 1 3 Les maîtres des requêtes étaient à l 'origine des magistrats chargés de recevoir les plaintes et requêtes adressées au roi et d'en rendre compte; à partir de 1 553, ils avaient eu aussi des charges dans les provinces. Au XVIIe siècle, ils étaient juges au tribunal des requêtes et ils étaient divisés en quatre quartiers; ils jugeaient en première instance, avec appel au Parlement, des causes personnelles ou mixtes concernant les officiers de la maison du roi, les secrétaires du roi, les officiers du Grand Conseil. Aussi, ils jugeaient souverainement des causes ren­ voyées par arrêt du Conseil ou relatives à l'exécution des arrêts du Conseil et des lettres du sceau pour privilèges d'impression; il jugeaient encore les causes des rapporteurs au Conseil d'Etat et à la direction des Finances. Ils étaient membres du Parlement et pouvaient y siéger au nombre de quatre. M. MARION, op. cit. , pp. 358-59. 14 Louis Machon ( 1 603 - ??), publiciste et historien de Richelieu, pour qui il écrivit une Apolo­ gie pour Machiavelle; passé au service de Séguier en 1 644, d'abord comme bibliothécaire, puis comme employé dans la chancellerie, il fut accusé au mois de novembre 1 648 d'avoir scellé de fausses lettres de noblesse et emprisonné au For-1 'Evêque. Il fut jugé par la Chambre des Re­ quêtes le 15 mai 1 649 et reconnu coupable; il fut donc condamné au bannissement perpétuel, à la saisie de tous ses bénéfices et à la confiscation de ses biens. Il fit appel de ce jugement le 1 6 juin 1 649 et s e retira à l 'abbaye de la Valdieu, dans les Ardennes (pour l e détail de la mésaven­ ture de Machon et la bibliographie sur ce personnage, ainsi que pour son engagement dans la Fronde en tant que pamphlétaire, cf. H. CARRIER, op. cit., t. II, pp. 45-5 1 ). Dans cette affaire fut aussi impliqué Nicolas Charpi (cf. lett. 1 13, n. 1 ).

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=