La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 56 Correspondance d'A . Bailly - 1649-1650 M. le duc de Mercur est à Paris, il soupa hier àf J 'hôtel de Nemours. M. le duc de Beaufort y joua tout le jour avec Madame de Nemours sa sœur 1 8 . Celuy que j 'envoiei hier à cet hotel pour aprendre des nouvelles, qui est mon vicaire, me raporta qu'on n 'esperoit point bonne issue du mariage pretendu1 9, parcequ'on demandoit I 'admirauté, et l e gouvernement de Bretagne, c ' est à dire, en quelque façon, la Courone, ce qu'on ne veut pas accorder. Je vous escris la cho­ seg comme on me l ' a ditte , je ne l ' affirme pas. Je n 'ay pas eu le temps de la bien justifier, car je dois prescher ces procheines festes de la Pentecoste20 devant la Reyne d ' Angleterre, et devant bien du beau monde, et il faut faire provision de belles parolles dans le dictionaire de M. de Vaugelas2 1 • La nouvelle que je vous donnei par le dernier ordinaire, de l ' assemblée des Chambres, et de l ' arrest donné contre les Herlacois22, s'est trouvée fausse, quoiqu 'elle vint de chez M. le Lieutenant Criminel. Je vous quitte, pour aller prescher nos moines, car le vendredy est parmi nous un jour de retraite, et de confrerie spirituelle. Je suis, comme j 'ay tous-jours es­ té, entierement et respectueusement, Monsieur vostre tres humble, tres obeissant, et tres obligé serviteur en Nostre Seigneur D.A.B. R. B . 18 Elisabeth de Vendôme ( l6 1 6- 1 664), fille de César de Vendôme; en 1 643, elle avait épousé Charles-Amédée de Savoie-Nemours; sa fille, Jeanne-Marie-Baptiste, sera la seconde femme du duc de Savoie, Charles-Emmanuel Il. 1 9 Sur ce mariage, cf. lett. 1 1 8, n. 8. 20 En 1 649, la Pentecôte tombait le 23 mai. Le sermon de Bailly est rappelé aussi par Renaudot dans la Gazette (pp. 309-3 IO); voilà ce qu' il écrivait à ce propos: "La Reyne d'Angleterre s'es­ tant enfermée la veille de la Pentecoste au Grand Couvent des Carmélites, elle entendit le lende­ main, avec la princesse de Condé, la duchesse de Longueville, et autres grandes dames, le ser­ mon qu'y fit le P. Albert Bally, Su pé rieur des Péres Barnabites de cette ville." 2 1 Il s'agit des Remarques sur la langue françaises, que Vaugelas publia au mois d'octobre 1 647 après une longue phase de préparation; le succès de cet ouvrage est attesté par la ving­ taine d'éditions publiées en moins de soixante ans (Cf. Claude FAVRE de VAUGELAS, Re­ marques sur la languefrançoise, fac-similé de ! 'éd. originale; introduction, bibliographie, in­ dex par J. STREICHER, Genève, Droz, 1 934; réirnpr. Genève, Slatkine Reprints, 1 970). Le mar­ quis de Saint-Thomas avait reçu une copie des Remarques en 1 647; cf. G. MOMBELLO, Une lettre inédite (. . . ) , cit., p. 39 et notes 1 1 1- 1 1 2 . 22 Cf. lett. 1 22.

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