La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 60 Correspondance d"A. Bailly - 1649-1650 Elle ajouta, avec quelques larmes, que les parlementaires vouloient separer le duc de Glocester9 d'avec sa sœurIO, mettre le premier, par une malice sans pareille, soubs la conduitte du plus meschant homme du royaume; et la P1incesse sa fille soubs celle d'une femme reconue en Angleterre pour prostituée, et publique. Que sa fille avoit declaré au Parlement qu'elle enfonceroitplustost un poignard dans son sein que d'avoir cette infame pour sa gouvemantel 1 . Sa Magesté courona tout son discours d 'un beau panegirique de cette Princesse, disant qu'outre cette florissante beauté dont elle est ornée, elle avoit un esprit d'ange, et qu'à l ' âge de douze ans, el­ le entretenoit intelligence avec le feu Roy son pere dans l 'isle de Yich 12, et luy es­ crivoit en chiffre tout ce qui se passait / (f04r) de considerable à Londres. J'ay mis dans mon pacquet un second papierI 3 qu ' un illustre l4 m'a envoié de la court. V.A.R. pourra reconoistre, et le caractere, et le stile, au moins M. de Saint Thomas le connoistra aussitost. Les jours sont mauvais, c 'est la façon de parler du Saint EspritI5. Un President de Bordeaux 16 prit la peine de me venir voir, il y a deux jours, et me dit que s ix 9 Henry Stuart, duc de Gloucester ( 1 639- 1 660), troisième enfant mâle de Charles 1 et de Hen­ riette de France. D 'abord confié au comte de Northumberland avec sa sœur Elizabeth et son frè­ re le duc d'York, après la fuite de celui-ci sa sœur et lui furent confiés à la comtesse de Leices­ ter et au mois de juillet suivant, ils furent conduits dans le Kent et un ordre fut donné pour qu'ils soient privès de leurs titres et dignités. Par la suite, la tutelle du duc d ' York passa à Love!, gen­ tilhomme de tendances royalistes, qui le conduisit dans ! 'Ile de Wight, où il restajusqu'en 1 652; après cette date, il passa en hollande et successivement en France, où sa mère essaya en vain de le convertir au catholicisme. Il rejoignit ensuite son frère Charles, roi d 'Angleterre, à Cologne. Dictionary ofNational Biography, dir. L. STEPHENS and S. LEE, London, Smith-Eider & Co., 1 885- 1 900, 63 vols, 3 suppléments ( 1901 ) 1 vol. errata ( 1 904), t. XXVI, pp. 1 08- 109. IO Elizabeth Stuart ( 1636-1 650); deuxième enfant de Charles 1 et d'Henriette de France. En 1 642, lors du passage de celle-ci en France, Elizabeth resta enAngleterre avec ses frères, le duc de Gloucester et le duc d'York. De santé délicate, mais très précoce et très sensible, elle était très cultivée et connaissait plusieurs langues anciennes. D'abord confiée à la comtesse de Northumberland, elle essaya plusieurs foisd'obtenir l'autorisation de passerenHollande, auprès de sasœur, la princesse d'Orange; au contrai­ re, elle fut confiée comme son frère Henry à la comtesse de Leicester et ensuite à Love!. Transportée à Carsbrooke Castle pendant l'été 1 650, elle y mourut le 8 septembre. Ibid., t. XVII, pp. 232-33. 1 1 En mai 1 649, le Parlement anglais accepta le conseil d'Henry Percy, duc de Northumberland, de confier les enfants de Charles I restés en Angleterre aux soins de sa sœur, Dorothy Percy, comtesse de Leicester. Ils séjournèrent donc dans lademeurede la comtesse du 14 juillet 1 649 au 9 août 1 650. 12 Recte: Ile de Wight. 1 3 Cette lettre n'a pas été retrouvée. 14 Il s'agit vraisemblablement de Claude Favre de Vaugelas (cf. lettre suivante). 1 5 Ephes. 5: 1 6, "Redimentes tempus, quoniam dies mali sunt". 16 Le président du Parlement de Bordeaux s'appelait Armand de Pontac, mort avant 1 660 (J. VALLIER, op. cit., t. I, p. 348; t. Il, p. 1 58).