La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Introduction 11 aux normes courantes telles qu 'el les sont décrites dans les différents manuels de l ' époques t , pour ce qui est de la formule initiale, de la souscription, de la da­ te et de la modulation des marges et des blancs. La correspondance de notre Barnabite respecte aussi tous les caractères essen­ tiels de la correspondance diplomatiqueS2. En premier lieu, Bailly fait preuve d ' un souci d 'exactitude dans la peinture des situations, afin de donner un ta­ bleau exhaustif et précis et des événements relatés; l ' épistolier multiplie donc les détails concernant les circonstances de ses entrevues, les mots de ses inter­ locuteurs, la succession des évènements. Ensuite, il fournit, dans la mesure du possible, des nouvelles à la fois actuelles et authentiques et, le cas échéant, il ne manque pas de démentir les informations faussess3. Enfin, une grande par­ tie du contenu de ses lettres se place sous le signe du secret: Bailly multiplie les prières de considérer sa correspondance comme strictement confidentielle et d'en interdire la lecture à tout autre que la duchesse et son secrétaireS4; de plus, il se sert de pseudonymes ou de périphrases pour désigner des person­ nages dont on ne veut pas divulguer l 'identité.SS Cependant, la différence entre la correspondance de dom Albert et celle des autres agents savoisiens en France est frappante. Toute platitude est absente de la prose de Bailly, qui n 'hésite pas à se servir du langage imagé même dans les sections les plus politiques de ses lettres. Par exemple, dans une lettre du mois 5 1 Sur les manuels d'art épistolaire, cf. G. GuEUDET, Archéologie d' un genre: les premiers ma­ nuelsfrançais d'art épistolaire, dans Mélanges sur la littérature de la Renaissance à la mémoi­ re de V L. Saulnier, Genève, Droz, 1 984, pp. 87-98; A. VIALA, La Genèse desformes épi.Ho/ai­ res enfrançais et leurs sources latines et européennes. Essai de chronologie distinctive (XV/e­ XVW s.), "Revue de Littérature Comparée", 55, n. 2 (avr.-juin 1 98 1 ), pp. 1 7 1 -77; M. T. SHIRT, The Evolution ofthe Epistolary Genre in France in the Seventeenth Century, Thesis presented for the Degree of Doctor of Philosophy, University of Newcastle upon Tyne, 1 970, pp. 77- 1 12. 52 A ce propos, cf. B. NEVEU, Correspondances diplomatiques et information, "XVIIe siècle'', janvier-mars 1 993, pp. 45-59. 53 On en trouve un exemple dans la lettre du 29 octobre 1 649. 54 Cf. par exemple les lettres 1 35, 1 36 et passim. 55 La duchesse de Savoie est parfois nommée Carigène; la princesse de Carignan belle-soeur de Madame Royale, est nommée tantôt !'Epousée, tantôt la sénatrice Thomassin; quant au comte Broglia, il est désigné comme "le beau-frère prétendu" de Saint-Thomas. Bailly a recours à ces pseudonymes lorsqu'il veut informer la duchesse de Savoie ou son premier ministre des faits se­ crets concernant la maison du princeThomas, beau-frère de Christine de Savoie; les rapports en­ tre celle-ci et la maison des princes de Carignan ont toujours été tendus, même après l 'accord de 1 642 qui marque la fin de la guerre civile au Piémont; en particulier, à la fin de 1648, le prince Thomas avait été dépossédé par une ruse de son gouvernement d'lvrée et la duchesse de Savoie avait donc des raisons très importantes pour demander d'être mise au courant de tous leurs mou­ vements.

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