La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
1 64 Correspo11dunce (/'A. Bailly - 1649-1650 jalousie. Je luy en ai temoigné quelque chose qu 'elle a fort bien receu, car elle est extremement sage, et adroitte. Mais aprés tout, entre vous et moi, il y a bien autant de difference entre l'esprit de ces deux sœurs qu'entre leurs corps. La plenitude est plus de vostre costé que de cetui-ci, quoique celle-ci7 en ait beau coup, je veux dire d'esprit. Mesme elle n ' est pas en estat d'aller en Savoye, par ce que ses affaires commencent à prosperer en Angleterre, et il n'y a point de doubte qu'elles prospereront, à proportion, en France8. Vou s m 'entendés bien. Les assistances se mesurent, parmi plusieurs grands , par la raison d 'Estat, et non pas par les principes de l ' EvangiJe9. M. l ' AmbassadeurI O commence à perdre l 'esperance de retourner si tost en Piemont. Et certes je crois qu 'on auroit de la peine à luy donner un successeur plus fidele, et plus attaché aux interests de son Maistre que luy. Je ne vous en tretiendrei pas plus long-temps, seulement j ' ajoute que les continuelles obliga tions que vousb aquerés sur moy, par la chaleur que vous donnés si visiblement aux bontés que Madame continue d'avoir pour moi, me font estre sans reserve Monsieur vostre tres humble, tres obeissant, et tres obligé serviteur en Nostre Seigneur D. Albert Bally religieux barnabite De Paris ce 27. May 1 649 (marge gauche ,jlr) Il y eut hier ici encore du bagare. Plus de deux mille de nos habitans coururent au dessous du guichet du Louvre pour arreter les bat teaux qui estoient chargés de boulets, et de mesches pour l ' armée, disant qu' on s'en vouloit servir contre Paris. Et effectivement ils les arreterent jusques à on- 6 Une allusion à l'offre faite par la duchesse de Savoie à sa sœur, la reine d'Anglete1Te, pour qu'elle se rende en Savoie est présente dans la lettre 1 22. 7 Madame Royale. 8 Encore une allusion aux victoires de l'armée royaliste anglaise sur les rebelles irlandais ; à ce propos, cf. lett. 1 20, n. 5 . 9 La reine d'Angleterre devait recevoir vingt mille livres par mois, qui lui avaient été assignées par le Parlement par un arrêt du 1 3 janvier 1 649 (cf. lett. 1 03, n. 10); Bailly doit donc faire allu sion au paiement de ces sommes. I D Giovanni Francesco Ponte, comte de Scamafigi.
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