La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre 1 2 8 1 65 ze heures \de nuict/c et les pillerent en partie 1 1 . M. le Lieutenant Criminel 1 2 vient de me dire, dans ma chambre, qu' il ailoit ouir en nostre prison de Saint Eloy l 3 un de ses [sic] seditieux qui y a esté conduit, et trouvé chargé de mesches. Dieu sur tout, toutes nos affaires ne vont point bien. Il me tarde d'estre en Savoie, tant je me lasse de ces desordres. (marge gauche .. f'2r) Le chappelet que M.R. m' a fait l 'honneur de m' envoier14, fut estimé hierpar ceux du metier, et qui en connaissent le prix, six cent francs. Priés Dieu, s ' il vous plaist, que ces choses de devotion, et chapelet, et image sainte ne blessent tout de bon ma devotion, car je conois que i 'y ai trop d'atta­ chement. Je ne fai s que les manier, que les regarder et que les porter d'un lieud à un autre dans ma chambre. a +Glaciata+; b +vous+; c +du soir+; cl +lieu+. li Cet épisode a été raconté aussi par J. VALLIER, op. cit., t. L p. 34 1 : "Environ le 22 mai, quelques munitions de guerre ayant esté chargées, partie dans un basteau vers l 'Arsenal et partie sur des charrettes pour estre conduittes en Picardie, où l ' armée du Roy s'assembloit, il y eut des per­ sones si mal intentionnées et si insolentes que de s'opposer à l'envoy des dites munitions. En ef­ fet, elles se saisirent du basteau, arresterent les chan·etter vers la Croix-du-Tiroir, prirent les mèches qui estaient dessus, jeterent les boulets dans les rues, et dissipèrent enfin les charretiers et tout l'équipage sans aucune contradition de ceux qui les laissaient faire. ( ...) Le Parlement fit deffense à toute sorte de personnes d'empescher la sortie des munitions de guerre de Sa Majes­ té à peine de la vie. En suite de quoi les munitions partirent pour la Picardie. Les plus judicieux savoient fort bien que le menu peuple n'étoit point auteur ni coupable de ce dernier attentat, mais seulement quelques gens apostés et payés à cet effetpar ceux de nos généraux qui n'étaient point encore contents, et qui n 'omettaient aucune sorte de d'artifices et de suppositions pour empécher le retour de Leurs Majestés en cette ville et que le calme y fût parfaitement rétabli: qui était la chose du monde que les frondeurs appréhendaient le plus." J. Vallier fait aussi allusion à deux sacrilèges qui eurent lieu à Paris vers la fin du mois de mai (par un laquais, qui profana une hos­ tie, et par un jeune Orléanais) et qui donnèrent origine à deux mazarinades. La Gazette de Re­ naudot (p. 320) relate cet épisode en le datant du 28 mai. !2 Jacques Tardieu. 13 La prison de Saint Eloi était l'une des dix-huit prisons des juridictions seigneuriales; el.le se trouvait rue Saint-Paul, donc très près du couvent de Saint-Eloi, et comptait parmi les sept pri­ sons principales de Paris. 14 Pour le chapelet que Madame Royale envoya à Bailly, cf. lett. 1 26.

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=