La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre 129 1 67 écorchoient avec leur baingoin les beautés de ce portrait en les voulant louer. L' une en louoit les yeux, l 'autre le front, l 'autre la bouche, et l 'autre tout. La comtesse d'IgbiS disoit plaisamment: "Elle est toute tres belle li face du visage de vostre dame Maistresse". La Reyne a appellé Madame sa fille6, qui est fort belle, et catholique, et luy a dit de baiser la belle image de sa tante, et si elle ne vouloit pas estre vetue de son habit. Elle a dit franchement que non. J ' ay laissé Sa Magesté la main à la plume pour escrire à V.A. par le retour de M. le comte de Cumiane7, et ay retiré mon portrait, bien entendu. Monsieur le comte des Lances8 a eu de plaisants dialogues avec l' Epousée9, et avec MademoisellelO. Celle-cib luy dit, tout en presence de la Senatrice,cl 1 qu' elle ne croioit pas qu'elle fut jamais bien d 'accord avec Carigenel 2 , par- 5 Ann Russell, femme de Georges Digby, deuxième comte de Bristol, fidèle au roi d'Angleter­ re et réfugié en France, où il avait été promu maréchal de camp en 1648; Dicrionary ofNational Biography, cit., t. XV, p. 54. 6 Henriette-Anne Stuart ( 1644- 1 670), cinquième enfant de Charles I et d'Henriette de France; en 1 646, elle avait été conduite en France par sa tutrice sous un déguisement. Elle vivait donc au Louvre avec sa mère; en 1 660, elle épousa Philippe d'Anjou, frère de Louis XIV, devenu duc d'Orléans. Dictionary ofNational Biography, cil., t. XXV, pp. 426-29. 7 Francesco Termignone Canalis, comte de Cumiane, cf. lett. 1 20, n. 1 O; il rentra à Turin de son séjour à Paris le 24 juin. 8 Agostino delle Lanze. 9 La princesse de Carignan. 10 Anne-Marie-Louise d'Orléans, duchesse de Montpensier ( 1 627- 1 693), dite la Grande Made­ moiselle. Elle était la fille aînée de Gaston d'Orléans et de Marie de Bourbon. Les illusions de la Grande Mademoiselle quant à son mariage sont bien connues: après avoir espéré en vain de devenir la femme de Louis XIV ou de l'empereur Ferdinand III, elle se maria en 168 1 avec un parvenu, le duc de Lauze, pour s'en séparer trois ans plus tard. Fidèle au parti de la cour pendant la première Fronde, en 165 1 elle prit parti pour les Princes et fut exilée à Saint-Fargeau, d'où el­ le ne revint qu'en 1 657. P. A M I G U ET , La GrandeMademoiselle el son siècle. Paris, Albin Michel, 1 957; B. MELCHIOR-BONNET, La Grande Mademoiselle, Paris, Perrin. 1 985. C. B o u Y ER , La Grande Mademoiselle, Anne-Marie-Louise d"Orléans, duchesse de Montpensier, Paris, Albin Michel, 1 986. La correspondance de Bailly pour l 'année 1 65 1 fait souvent allusion à une allian­ ce possible entre Charles-Emmanuel JI et la Grande Mademoiselle, malgré les réticences de cel­ le-ci et ses ambitions à la couronne de France (cf. A.S.T., Corte, Lettere Ministri - Francia. m. 57, fasc. 1, lett. 8, F2v; 1 0, F2; 1 9, f03v; 22, ff. 1 v-2r; 39, F3v; 45, f02r; 46, F4r). En effet, bien que domAlbert ait essayé de dissuader la duchesse de Savoie et ait tracé un portrait très négatif de la duchesse de Montpensier, encore en 1 658 Christine de France n'avait pas complètement abandonné son projet (cf. L. G 1 ACHfNO, Lettres inédites deMgr Albert Bailly (Rome - 1658), cil., p. 1 66). Finalement, ce fut la Grande Mademoiselle elle-même qui refusa l'alliance avec le duc de Savoie. l I La princesse de Carignan. 1 2 Madame Royale.

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