La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 84 Correspondance d'A. Bailly - 1649-1650 les plus fortes bases des unions, ne la pouvoient point etablir dans ces deux au­ gustes maisons pour les difficultés qu ' il m'avoir aportées l 1 , et que je trouvois, dans mon sens grossier, invincibles, si son Maistre ne commençoit à en jetter les fondements, en reglant les differents du Montferrat, et executant de bonne foy le traité de Querasq 1 2. Il me repondit par des comparaisons, n'osant pas le faire directement. "Voiés-vous bien", me dit-il, "trois choses seulement peu­ vent faire subsister M. le Cardinal, à sçavoir la paix generale, la diminution des imposts, et la communication plus familiere de Son Eminence; et celle-ci est la plus difficile de toutes, car pour la premiere il pourroit l a faire aisement en re­ laschant quelques places à ! 'Espagnol; et il le devroit faire sans attendre qu ' il y soit contreint car, comme l 'Archiduc en a des-ja pris six en Flandres ces cam­ pagnes passées, il pourra continuer ses conquestes, et Son Eminence pourroit les prevenir en les donnant, et faisant la paix. De mesme," dit-il, "vostre Maistre / (f'°4r) devroit liberalement abandonner au mien quelque petite portion des immenses biens que la France luy a donnés dans le Montferat, et tout s'ajuste­ rait". Sur quoy je luy repliquei que je n 'entendais pas les affaires d'Estat, ni les interests des princes, mais que j ' avais ouy dire sourdement, que M. le duc de Mantoue, bien loin de s'opiniatrer à ses demandes, devroit aveuglement signer, et ratifier les traités faits sur ce different, puisque la France le veut ainsi, qui a droit de demander bien d'autres recompenses, et mesme des remboursements no­ tables, pour avoir retabli M. deMantoue dans son trosne àforce d'armes 1 3; et que quand elle les demanderait, S.A. de Mantoue en auroit bon marché de luy ceder tout ce que nostre Maistre tient. "Presupposés donc, M. Priandi," luy dis-je "que vostre Maistre paie ses debtes à la France, en luy abandonnant Albe, Trin, et les 11 C'est-à-dire, le fait que l'on traitait le mariage du jeune duc de Mantoue, Charles Il, avec Isa­ belle-Claire d'Habsbourg-Autriche. 12 Le traité de Cherasco (6 avril 1 63 1 ) avait mis un terme à la guerre entre les maisons de Savoie et de Mantoue, pour la succession à Francesco Gonzaga, mari de Marguerite de Savoie, mort en 1 6 1 2 sans héritiers. Ce traité avait établi que le duché de Mantoue irait à Charles de Rethel, fils de Charles Gonzague, duc de Nevers et mari de Marie Gonzague, nièce de Charles-Emmanuel 1 de Savoie; la maison de Savoie aurait seulement Trin et Alba, avec quelques autres places-fortes dans le Montferrat. En plus, elle dut céder la forteresse de Pignerol à la France, qui avait rétabli Charles I à Mantoue; en échange de cette forteresse, le duché de Savoie devait obtenir quelques territoires dans le Montferrat. Le traité de Westphalie avait confirmé les conditions établies en 163 1 . Cf. G. AMORETTI, op. cit., t. Il, pp. 7 1-72 ss. 1 3 Un accord stipulé en décembre 1 627 entre Charles-Emmanuel 1 et le gouverneur espagnol de Milan, dom Gonsalvo, fut à la base de la guerre pour le Montferrat combattue en 1 628- 1630 contre le duc de Mantoue, Charles Gonzague-Nevers. A cette occasion, l ' aide de l'armée fran­ çaise aux troupes du duc de Mantoue fut déterminante pour la victoire de ce dernier et son réta­ blissement au Montferrat. Cf. G. AMORETTI, op. cit., t. Il, pp. 35-67.

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