La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

1 86 Correspondance d'A. Bailly - 1649-1650 L'armée est tres nombreuse en soldats, mais non pas en officiers, i l y en a plu­ sieurs qui se retirent, faute d ' argent 19. Deux difficultés avaient retardé la conclusion du mariage de M. de Mercoeur, et de la niepce de Son Eminence20. La premiere, que Son Eminence pretendoit que M. deMercoeur serait le seul heritier, et queM. le duc de Beaufort ne pourrait dis­ poser que de cinq cent mille livres. Et la seconde, qu'en cas que M. de Mercoeur mourut sans enfans masles, les filles, s ' i l y en avoit, pourraient heriter privative­ ment à M. de Beaufort et à ses enfans masles, s ' il en a. Madame la duchesse de Vandosme21 n ' a point voulu signer ces conditions, disant qu 'il y avait substitution infinie aux masles dans tous les biens de laMaison de Vandosme. Enfin M. le Car­ dinal a passé par dessus, et on tient que le mariage se fera bien tost, et que le jour de la Saint Jean, qui est la feste d'Amiens, est destiné à ces nopces22. M. le duc de Vandosme, M. de Mercoeur, et M. le mareschal des Trées23 sont ici. Le premier est un peu indisposé, les deux autres partiront demain pour Amiens. 19 La Gazette de Renaudot, p. 368, ne parle que de la supériorité de l'armée française, composée de trente-cinq mille hommes, sur celle de !'Archiduc Léopold (dix-huit mille hommes); la ca­ rence d'officiers n'est pas relatée; d'après cette source, ces derniers auraient été au nombre de mille cinq cents dans la seule armée d'Erlach. 20 Laura Mancini. Voilà ce qu'écrivait à ce sujet le gazetier du ms. 25025 le 1 8 juin 1 649 (f'49v): "M. le Cardinal [veut] qu'elle s'oblige pour les 1 00 mille escus d'argent comptant qu'il donne à la niepce par le contrat, afin que ceste somme luy revienne en cas que son mary vient à mourir sans enfants, à quoy l 'on dit que Madame de Vendosme ne peut se resoudre disant que cela fe­ roit tort à ses autres enfans mais le vray sujet qui retarde ce mariage est que M. le duc d'Orléans n'y veut pas consentir ny donner les provisions de 1'admirauté qu'il a en ses mains jusques à ce que le chapeau de cardinal de M. l'abbé de La Riviere soit venus [sic] parce que celuy ci apre­ hende de ne l'avoir poinct ( ...). De sorte qu'il y a aparence que le mariage sera encor longtemps differé". 2 1 Françoise de Lorraine, duchesse de Vendôme, cf. lett. 1 22, n. 5. 22 En réalité, ce mariage aura lieu seulement en 1 65 1 . 23 François-Annibal I , maréchal, puis duc d'Estrées ( 1573- 1 670), fils naturel d'Henri I V e t de Gabrielle d'Estrées, fut destiné d'abord à la carrière ecclésiastique, puis à la mort de son frère il rentre dans le siècle. Lieutenant général de ! 'Ile-de-France en 1 599, maréchal de France en 1 626 après plusieurs missions diplomatiques en ltalie et en Suisse, il fut ambassadeur à Venise ( 1 630) et à Rome ( 1636-1 642); en 1 648, il fut nommé duc et pair. DBF, t. XIII, 1 975, col. 1 47-48. L'au­ teur de la gazette manuscrite f. fr. 25025 (f'46) rapporte la nouvelle de ! 'arrivée du duc de Mer­ coeur et du duc de Vendôme, indisposé; toutefois, il ajoute aussi des détails sur la raison de leur retour à Paris: "le bruie! de la ville veut qu'ilz sointvenus pour vuider avec Madame de Vendos­ me quelques difficultés qui restent pour le mariage du duc de Mercoeur" (cf. supra, note 20).

RkJQdWJsaXNoZXIy NzY4MjI=