La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre J39 199 (:f'2r) Ils nient la grace suffisante, et n 'admettent que l 'efficace. Ils enseignent que Jesus Christ n 'est pas mort pour tous. Que les actions des payens, les meilleures en apparence, comme de faire l ' au­ mosne, de lier une passion, de pardoner une injure, et d'autres semblables, sont des pechés mortels, faute de la foy, abusants de ce passage de saint Paul que tout ce qui n'est point fait avec foy est peché2, quoique cet apostre ne parle que des actions faites contre la conscience, et point du tout de la foy. Ils debitent une infinité de semblables erreurs, et le grand mal est que presque tous les curés de Paris les ont embrassées, et les preschent. Il est vray qu'ils ont tous les religieux en teste, et le Pape mesme qui a condanné ces opinions par deux bulles3. Le lieutenant de l 'admirauté de Donquerque4 arriva hier ici en poste, et aiant pris la peine de me venir voir ce mattin, m' a dict: Qu 'il y avoit 4000. hommes effectifs dans Donquerque, de preside. Que les Suisses avaient tous generalement repris les arrnes pour le service du Roy5. Que le comte de Paluau6 avait un corps de l ' armée de 7000. hommes aux envi­ rons de Fume, et de Bourbourg pour empescher l ' enemi de rien entreprendre. 2 On remarquera que Bailly rapporte ici une partie du contenu des sept propositions signalées par Cornet, cf. note précédente. 3 Le 1er août 1 64 1 , ! 'Augustinus de Jansenius, publié posthume à Louvain en 1 640, avait été in­ clus dans l'index; en 1 643, cet ouvrage fut aussi condamné par la bulle du pape Urbain VIII ln Eminenri. 4 Jean-Baptiste-François Bigot de Saint-Quentin, lieutenant du roi à Dunkerque, cf. H. CARRIER , Les Muses guerrières. Les Mazarinades et la vie lirréraire au milieu du XVII " siècle. Paris, Klincksieck, 1996 ("Collection des Mélanges de la Sorbonne", 26). p. 52. 5 Les Suisses avaient envoyé un député envers la reine pour lui témoigner leurs plaintes concernant le paiement de leurs solde et avaient menacé de quitter le service faute de recevoir leur dû. 6 Philippe de Chérambault, comte de Palluau ( 1 620- 1 665), lieutenant général en 1 648, gouver­ neur d'Ypres lors de la prise de cette ville par les Espagnols en mai 1 649; il combattit aussi contre les Bordelais en 1 649 et en Normandie 1 'année successive. Maréchal de France en 1 653, puis gouverneur de Berry en 1 655 à la place du prince de Conti démissionnaire, il épousa en 1 654 Louise-Françoise Bouthillier de Chavigny. DBF, t. VII, col. 1 46 1 .

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