La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

206 Correspondance d'A. Bailly - 1 649-1650 Que le mariage de M. le duc de Mercoeur avec Mademoiselle Manchini, niepce de Son Eminence, estoit renoué depuis sammedy passé, et qu ' on le tenait assûré,/ (f"4r) Que M. le duc de Vandôme, et ce pretendu nepveu7 rendait d'epouven­ tables respects à M. le Cardinal, qui croissait tousjours en pouvoir, et en splen­ deur, comme l 'aurore en lumieres. Qu'on donnait infailliblement Sedan à M. le prince de Condé, auquel il avoit eu l 'honneur de donner à souper à Melun, allant en Bourgognes. Que cette Altesse avoit chassé, et banni de sa maison le chevalier de La Rivie­ re9 et tous ces infames Dedales qui avaient cy devant contribué à ses de­ bauches; qu'el le s'estoit beaucoup reformée, et vivait en tres bonne intelligen­ ce avec Madame la Princesse sa femme l ü, qui s'estoit aussi reconciliée avec la princesse DouairiereI I sa belle mere, qui avoit persecuté sa bru par le passé as­ sés i njustement. Il me dit aussi que cette bru estoit tres sage, tres bonne, et fort bien faite de son corps. J ' ay peine, pourtant, de croire le dernier, car je l ' ay veüe, et l ' ay trouvée fort petite, et noire. Il se peut faire que son teint se soit eclairci. Il ajouta que l 'on attendait en Flandres les trouppes qu 'ameinent le ge- 7 Le duc de Mercoeur. Dans le ms. f. f.r. 25025, 1'°57 (9 juillet) on lit que "le mariage du duc de Mercoeur avec la niece de M. le Cardinal est conclu absolument et se doit consommer dans peu de temps". 8 Condé avait fait un voyage en Bourgogne, dont il était le gouverneur, au cours des mois de juin et juillet. Il était parti de Compiègne le 8 juin, pour se rendre d'abord à Dijon, puis à Bourg-en­ Bresse pour les Etats de cette province. Il revint à Paris le 27 juillet pour se rendre après à Com­ piègne, où la cour était revenue. Cf. ms. f. f. r. 25025, ff. 43v, 47v, 53r, 66v. Quant à la princi­ pauté de Sedan, elle était promise au duc de Bouillon (cf. lett. 1 10, n. 4), protégé par le prince de Condé. 9 Louis Barbier, abbé de La Rivière, puis évêque de Langres ( 1595- 1 670); né d'une famille de basse condition, il parvint à la charge de précepteur, puis d'aumônier et de maître de l 'oratoire auprès de Gaston d'Orléans, ainsi qu'à celle de grand aumônier de la reine. En 1 645, il avait reçu le Cordon Bleu et acheté la charge de chevalier du Saint Esprit. Dans l ' au­ tomne 1 649, pour limiter la puissance du prince de Condé, Mazarin essaya de gagner le duc d'Orléans par l ' intermédiaire de l ' abbé de La Rivière, en promettant à celui-ci le chapeau de cardinal destiné en réalité au prince de Conti; cela causa les plaintes de Gaston d ' Orléans, qui s'abstint de la présence au Conseil. Finalement, on offrit à La Rivière d'entrer dans le conseil du roi et d'être ministre d'Etat. Il fut nommé évêque de Langres en 1 656. DBF, t. V, col. 343-44. IO Claire-Clémence de Maillé-Brézé, princesse de Condé. 1 1 Charlotte-Marguerite de Montmorency, princesse douairière de Condé.