La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

Lettre 142 2 1 7 Pour les nouvelles de Paris, M. Fremont1 6, secretaire de M. l e duc d'Orleans, a escrit à une personne que je conois un peu, que son maistre travaille puissam­ ment pour r ' amener le Roy à Paris, et qu ' il le tient asseuré I7. Mais la meilleu­ re nouvelle est qu ' i l ajoute que dans le temps que Sa Magesté viendra, M. Je Cardinal pourra bien aller sur la frontiere pour traiter la paix avec Pigneran­ da 1 8. On le tient encor ici corne asseuré. / (f'6r) Ces jours passés, le duc de Brissac 1 9 , le comte de Font\r/aille20 l 'impie, le comte de Mata2 I , le conseiller Colomb22, encor un autre impie, et le mari de 1 6 Roger-François de Fremond, secrétaire des commandements, maisons et finances du duc d'Orléans et secrétaire ordinaire du cabinet du même duc. cf Estat des (Jfficiers, domestiques et commençaux des Maisons du Roy, de la Reine Regente, de Monseigneur le duc d'Orléans (. . .) par le sieur de LA MAR[T]INIÈRE, s.l., s. e, 1 649, p. 79. 17 Gaston d'Orléans arriva à Paris au début de juillet, pour préparer le retour du roi en rétablis­ sant le calme dans la capitale en faisant cesser la production de libelles contre Mazarin; en effet, dans ce but, le 3 juillet Gaston avait mandé les corps de la Ville au Luxembourg et avait prononcé un discours ayant comme objet les mazarinades; à la suite de cela, le prévôt des maréchaux con­ voqua les colonels, capitaines, quartiniers et officiers de la Ville et ordonna d 'intensifier les per­ sécutions contre les imprimeurs et les colporteurs; cf. H. CARRIER, op. cit., t. Il, p. 452; J. V ALLIER, op. cit., t. 1, pp. 364-65; Registres de /'Hôtel de Ville, cit., t. II, pp. 25-27. 1 8 Le Cardinal, souhaitant se remettre dans l'esprit du peuple, fit croire qu'il partait le 22 juillet de Compiègne pouraller à Saint Quentin s"aboucher avec le ministre espagnol Penaranda et ob­ tenir des conditions de paix plus favorables à la France; en réalité, il eut une entrevue avec le comte d'Harcourt pour retenir les troupes allemandes qui menaçaient de quitter l 'armée françai­ se, et pour décider une autre offensive militaire contre les Flandres; le ms. 25025 f"67v et f"70 hypotise qu' il eût l 'intention ou bien d'assiéger de nouveau Cambrai, ou bien d'investir une au­ tre place, mais qu'il "les a trouvées toutes en trop bon estai pour estre attaquées". Cf. aussi A. CHÉRUEL, op. cit., t. III, pp. 394-95 et Lettres du Cardinal (. . .), cit., t. III, p. 38. 19 Louis III de Cossé, duc de Brissac ( 1 625 - 1 66 1) ; il avait reçu en héritage les biens paternels et maternels à la veille de son mariage avec Marguerite-Françoise deGondi, sœur du coadjuteur de Paris. Par cette alliance, il avait été impliqué dans la Fronde, du côté des parlementaires et fut ! 'un des informateurs de Gondi. Il assista à la conférence de Rueil et s'occupa de la question des rentiers. Membre du conseil du duc d'Orléans en 1 652, il eut une partie active lors de l'évasion du cardinal de Retz en 1 654. DBF, t. IX, col. 769. 2 0 Louis d'Astrac, v icomte de Fontrailles (mort en 1 677); attaché à Cinq-Mars et ennemi de Ri­ chelieu, il participa à la conspiration de 1 642 et dut s 'enfuir en Angleterre, dont il revint l ' année suivante ayant obtenu des lettres d'abolition de sa condamnation à mort. Entré dans la cabale des Importants en 1 643, il participa à lajournée des barricades en 1 648 du côté des royalistes, mais prit bientôt le parti de la Fronde; il fut exilé en 1 650 et exclu de l ' amnistie de 1 652. Cf. DBF, t. VIII, col. 379-8 1 . 21 Charles de Bourdeilles, comte de Mastas ou Matha (mort en 1674), capitaine des gardes en 1 640, il quitta l'armée cinq ans plus tard; cousin germain de Montrésor, il participa à la fronde parlementaire et fut exilé en mai 1 650, mais il fut rappelé quelques mois plus tard. TALLEMANT des R É AU X , op. cit., t. II, p. 1 208.