La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello

2 1 8 Correspondance d'A. Bailly - 1649-1650 cette fameuse fille du partisan ComueJ23, et autresfois amie du devot M. d 'Emeri24, avec quelques autres rencontrerent deux laquais du Roy, auxquels ils firent mille outrages dans ces marests, et au Roy mesme en leurs persanes, avec des termes honteux et infames que des demons seulement, ou des deses­ perés, sont capables de proferer25. { On vient de me dire que le conseiller Colomb n 'estoit pas dans cette compa­ gnie. Les nouvelles de Paris le veriffieront. } d M. l e Lieutenant Criminel me vint voir hier, etme dit que Paris est encore s i aban­ doné de Dieu que, quoique cette injure soit si atroce, et si detestable qu'elle fait fremir les gens de bien, neantmoins en ce mal-heureux temps où nous sommes il n'oserait informer ni contre ce Duc, ni contre les conseillers, mais seulement contre Fontraille et Mata, qu'on ne considere point à Paris. Il y a aussi grand vacarme entre les Requetes du Palais, et le Chatelet, car, es­ tant tous deux des jurisdictions subalternes, et desquelles on peut appeller en sentence definitive, le Chatelet croit d 'estre fondé dee ne point dependre des Requetes, aussi est-il vray, et cette Chambre n 'est instituée que pour les offi­ ciers qui ont par privilege comitimus à cette Chambre; et ainsi ceux qui ne sont point officiers doivent aller en premiere instance au Chatelet, et peuvent aprés appeller au Parlement, mais non pas aux Requetes26. Et i l est arrivé qu'un bour- 22 Jean Coulon, conseiller au Parlement; d'après Dubuisson-Aubenay, ce fut lui qui inventa le mot de "fronde". Libertin et débauché, il avait épousé en 1 634 Marie Cornue!, qui fut la maî­ tresse de Particelli d'Emery; Tallemant (op. cit., t. II, p. 247-48) dit que cette relation se faisait du consentement de Coulon. 23 Claude Cornue!, sieur de la Marche et de Mesnilmontand, financier, président à la Chambre des Comptes en 1 635, mort en 1 640. Nous sommes assez bien renseignés sur la famille Cornue! par le Catalogue desPartisans (C. MOREAU, ChoixdeMazarinades, cit., t. I, pp. 1 1 3 - 1 1 9 , en par­ ticulier pp. 1 1 3- 14, 1 1 8, 1 20) et surtout par les Historiettes de Tallemant (op. cit., t. II, pp. 246- 48 et 286-87); la fille dont fait mention Bailly est Marie Cornue!, née du mariage de Claude avec Marthe Grignon (cf. supra, note 22). DBF, t. IX, col. 709. 2 4 Michel Particelli d'Emeri, ou Hémery ( 1 5 96- 1 650), fut ambassadeur à Turin de 1 625 à 1 630; il fut nommé intendant en 1 643, puis contrôleur général des Finances; en 1 647, il avait été nom­ mé surintendant, mais il avait été renvoyé l'année successive; il sera rappelé en novembre 1 649. Cf. C. BOUYER, Michele Particel/i d'Hémery, Paris, Hachette, 1 975. 25 Cette anecdote a été racontée aussi par J.Vallier (op. cit., t. 1, p. 366) et par le gazetier du ms. f. fr. 25205, f'58r; l'ambassadeur de Savoie Ponte en fit une relation détaillée à la cour turinoi­ se dans l'une de ses lettres (A.S.T., Corte, Lettere Ministri - Francia, m. 53, fasc. l , lett. 73/6, f'4). Quant à la participation de Coulon, Ponte dit que les conseillers du Parlement avaient dîné chez lui. 26 Le Châtelet était le tribunal immédiatement subordonné au Parlement de Paris et son nom ve­ nait du fait qu' il était établi dans un château-fort d'origine romaine. Le Châtelet avait été érigé

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