La correspondance d'Albert Bailly Volume II Années 1649-1650 publiée sous la direction de Gianni Mombello
Lettre 145 227 ré dans les unes, et les autres, et assurés-vous, Madame, que vous rencontrerés sans comparaison des plaisirs plus solides, et plus grands au pied de la croix que dans les fausses douceurs que promet le monde, outre les divines recom penses qu'elle meritera par ses belles actions de pieté, et particulierement pour les saintes instructions qu'on dit ici qu'elle donne à Monseigneur4, à qui elle veut assûrer la courone du ciel , aprés l uy avoir sans contredit, et par le consen tement de tous, plus acqui s que conservé la courone de Savoie5. M. le comte Augustin des Lances a repandu cette nouvelle par tout, et je dois asseurer V.A. qu'elle a bien peu de serviteurs qui puissent se comparer à cettui-ci en zele, en fidelité, et en conduite. Vous ne sçauriés croire, Madame, l 'estime qu ' i l s ' est acquise à la Court, autant pour son esprit agreable, et complaisant, que pour les excellentes choses qu'il a dittes de V.A.R .. M. le baron de Vaugelas m'en dit des merveilles hier au soir dans mon petit palais. Je fus curieux d 'aprendre des nouvelles de M[adame] la p [rincesse] de C[ari gnan] . IJ6 me dit qu 'elle / (f°3r) ne parloit point du tout du mauvais traitement qu' elle pretendoit avoir receu à la Court7, et que M. le Cardinal estait extraor dinairement en colere contre elle pour la reponce qu'elle avoit faite à sa lettre, que ce Baron appelle tres civile, tres obligeante, et tres bien faite. M. le comte Augustin dechifrera à V.A. cet enigme, car \son adresse/a a bien contribué au compliment de cette Princesses. On fait courir ici un plaisant bruit, que le Roy d' Espagne9, n' agreant ni le parti de Portugal, ni celuy de Vienne, a jetté les yeux sur nostre Prince pour le faire son gendre, croiant par ce moien de fermer la porte d'Italie aux François par l 'union des Estats de V.A.R. à la courone d'Espagne IO. 4 Charles-Emmanuel II, duc de Savoie. 5 Bailly fait allusion à la guerre civile de Piémont entre la duchesse Christine et les frères du feu duc Victor-Amédée I, Thomas et Maurice, au sujet de la régence. 6 C'est-à-dire, Vaugelas. 7 Il s'agit de l'épisode du dîner en l'honneur de Charles Il Stuart, raconté dans la lettre 143. 8 La dernière lettre d'Augustin des Lances à la cour de Savoie date du 16 juillet et ne contient aucune mention de cette affaire; quelques jours après, le comte des Lances avait quitté Paris pour rentrer à Turin, ce qui fait que ! '"énigme" à laquelle fait allusion Bailly a dû être éclaircie à la du chesse de Savoie au cours d'une entrevue. 9 Philippe IV. 1 0 Le problème de l'alliance du duc Charles-Emmanuel II, âgé alors de quinze ans, occupera la correspondance de Bailly surtout à partir de 1 65 1 ; des propositions furent adressées à ! 'Infante de Portugal, puis à Eleonora Gonzaga, qui déclinèrent la proposition (A.S.T., Corte, Casa Reale - Matrimoni, m. 30 et passim). Pendant longtemps, la duchesse Christine nouITit l'espoir de ma-
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